A LA RECHERCHE DU MOT JUSTE
Publié le 4 Décembre 2021
Vu ses antécédents professionnels, c’est Chantal qui s’occupe de la comptabilité. Ainsi, un jour triste, gris et humide de fin novembre, elle est assise dans le petit bureau qu’elle partage avec ses deux coassociés, son cousin François et Éric, lorsque ce dernier y entre. Il parle du temps qu’il fait, lui pose quelques questions sur les comptes, développe ses projets de culture pour la saison à venir. Au bout d’un moment, il lui reparle de la compta.
Chantal commence à s’affoler. Avait-elle commis des erreurs ? Ne lui faisait-il pas confiance ?
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Tu peux tout vérifier, lance-t-elle, tout est en ordre, il y a des justificatifs pour toutes les dépenses.
Eric la regarde, interdit.
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Mais non, ce n’est pas du tout ce que j’ai voulu dire.
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Tu veux dire quoi, alors ?
Eric se tait. Au bout d’un instant, il dit prudemment :
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Je suis bien avec toi.
Chantal rougit, se penche sur ses comptes. A-t-elle bien entendu ? Était-ce une déclaration d’amour ? Son cœur se met à battre la chamade.
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Moi aussi, je suis bien avec toi.
Chantal voit le soulagement sur les traits d’Éric, il esquisse un sourire, s’avance et prend sa main.
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Tu m’as plu dès ton arrivée, et plus ça va, plus je trouve qu’on s’entend bien, qu’on rit pour les mêmes raisons, qu’on aime les mêmes films, les mêmes livres et qu’on a des réactions similaires face à l’imprévu. Je suis à l’aise en ta compagnie, détendu, heureux. Quand je suis avec toi, aucun problème ne me paraît insurmontable.
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Oui, nous sommes devenus des bons amis, nous nous entendons bien tous les trois, répond Chantal.
Le visage d’Eric se referme, il retire sa main. Chantal réalise qu’elle a commis une erreur. C’est maintenant elle qui prend sa main. Encouragé, Eric poursuit :
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Il y a plus que ça, il y a plus que de l’amitié entre nous.
Il va enfin le dire, pense Chantal. Mais non, il murmure :
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Tu ne trouves pas qu’il y a plus ?
Ses yeux implorent une réponse, mais Chantal non plus, elle ne veut pas lâcher le mot. Pourtant, elle a pitié de lui, et du coup aussi d’elle-même. Elle se lève, contourne le bureau, le serre dans ses bras et lui donne un longue baiser. La porte s’ouvre, son cousin entre, ou plutôt, reste sur le seuil de la porte, stupéfait.
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Qu’est-ce que vous faites ?
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On profite de notre liberté sexuelle, répond Chantal joyeusement.