LA LIBERTÉ : prologue

Publié le 28 Septembre 2021

 

Être entourée de murs, enfermée, presque étouffée…A la seule pensée d’être privée de balades dans la nature, de la tiédeur du soleil sur son corps suscitant un état de bien-être et de flottement, elle ne pouvait presque plus respirer. Avoir tous ses sens en éveil, savourer par tous les pores de la peau cette émotion à nulle autre pareille : être libre, de cette vraie liberté sans liens, sans contraintes, sans comptes à rendre. C’est pour cela qu’elle était partie, enfouissant son passé au plus profond de son esprit, sans regrets, sans redouter les difficultés à venir et la cruauté des hommes. Fallait-il présumer qu’après trois mois, sa liberté arrivait maintenant à son terme, que plus jamais elle ne s’éveillerait tous les matins dans des lieus différents restant à découvrir, emportée au grès du vent par ses pas et ses envies de la veille. Même si elle avait parfois le ventre creux, ce qui lui importait était d’entendre le sifflement d’un merle, le bruissement des ailes d’une libellule, le soupir des feuilles d’un bouleau dérangées par la brise. Partir, marcher, ne faire qu’un avec Mère Nature, voilà son seul souci…Elle avait appris à savourer les gourmandises à sa portée : des mûres ou des framboises offertes par un buisson longeant le sentier, une pomme rouge ou une poire acidulée tendue par une branche bienveillante sur son chemin, une gorgée d’eau fraîche d’une source enfouie dans la mousse… Elle oubliait presque que, parfois, elle était obligée de se rapprocher d’un paysan, d’un agriculteur ou d’un berger, pour lui proposer un peu d’aide, en échange de quelques fruits, d’un sandwich, ou même d’un repas sur le pouce offert déjà deux ou trois fois par des personnes au grand cœur. Elle voulait oublier les paroles blessantes de ceux qui la prenaient plus pour une mendiante que pour une amoureuse de la nature, et surtout enfouir dans son esprit cet incident qui aurait pu être dramatique : un routier étranger qui avait essayé de l’embarquer de force dans son camion ! Elle avait invoqué très fort sa bonne étoile, avait tenté, sans doute avec succès, d’envoyer à l’homme un coup de pied dans ses parties intimes, et s’était enfuie sans se retourner, sans que ce gros lourdaud parvienne à la rattraper… elle se sentait si forte à parcourir les sentiers, à gravir les collines. Toujours plus loin, plus libre… Et maintenant, là, tout semblait terminé…


 

Rédigé par Annie

Publié dans #Liberté

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