ELOI
Publié le 1 Mars 2021
Chaque jour de sa vie,
Eloi dessine deux hypoténuses
dans le rectangle de son pythagore.
Ici, dans cette abbaye, il nourrira détours et des tours
de ses certitudes ou de ses doutes
parmi ces cinq colonnes à la une
puis d'autres cinq colonnes, toujours à la une,
un théorème pour ne pas réveiller le tourner en rond
et sa valse malsaine des chemins de l 'enfer.
Quand l 'esprit s'essouffle, il remplace le courant d'air,
le tour de manège fatigue le conscient
et les pas se faufilent pour marcher, sournois,
dans de coupables déplacements.
A cet instant, Eloi traverse le pont pour l 'autre aile.
C'est comme l'oiseau rose, l'autre aile,
celle qui permet d'échapper à la couvée du couvent.
IL s'était offert le luxe d'un bouquet de secondes.
pour passer chez Courir
s'acheter un jean troué et une paire de baskets.
Sur le trottoir, posé là de sa volonté,
ils sont morts inutiles comme des lambeaux d'illusions.
Il revient.
Il rapporte juste dans son sac à dos
des bribes d'un autre livre, pour changer.
Eloi rentre au bercail rejoindre ses âmes frères.
Déjà un ailleurs en tête, il enfile sa robe de bure,
les mains sur le reposoir des fentes de son aube.
Demain, il priera son Supérieur
de bien vouloir remplacer la seule dalle fendue
au pied de la quatrième colonne.
Eloi veut vivre au creux de sa méditation,
généreuse et pleine,
le toujours pareil, aucune aspérité,
pour ne jamais trébucher,
chaque jour de sa vie.
D' après photo : couvent, flamant rose, quelqu un en jean et bouquin,
le pont, l'intérieur de soi
Dany-L