RÊVERIE
Publié le 8 Décembre 2020
Le soleil s'éloigne,
La vue s’obscurcit,
Et dans la campagne
Plus de bruit, plus de vie.
Crépusculaire
Ce moment de transition
Vague à l’âme
Orage,
Ô réservoir de pluie,
S'il fuit,
Il anéantit le repos de la nuit,
Et le quidam est déconfit.
Vents d'est humides
Se profilent à l'horizon
Vague à l’âme
Je me couche dans mon lit, me love dans des sables émouvants. Le présent se raccourcit, je fonce en avant. Des chants de sirènes m'appellent, je reste conscient du danger, et à grands coups de pelles je creuse un couloir pour me dégager. Je survole des montagnes, j'atterris à Roncevaux, j'ai le mal de cocagne, Durandal est là, trépassée, comme dans un tableau, coincée dans son rocher. En me voyant elle me dit : « Enfin, du temps vous avez mis ». Je lui réponds : « Quelques siècles, le temps d'un battement de cil ». Je laisse là l'épée, Roncevaux aura son frontalier. Je finis ma nuit dans une armure qui m'a protégé des sangliers. Ce sont les murmures des oiseaux qui m'ont réveillé en m'amenant ma béquée. Ma rêverie m'emporte au large, vers une barge d'immigrés, fixée a une bitte d'amarrage, dans le port de Tanger. Dring, dring, dring, je décroche mon portable, une voie m'indique que mon rêve est terminé, qu'il faut que je m'habille, il est temps d'aller bosser. Je refuse d'obtempérer car la Méditerranée perçoit ma colère d'avoir été réveillée. Le vent d'est se met de la partie et les rouleaux s'intensifient.
Lames et vagues
Je rêvais dans un TGV, pas le temps de me poser. Le plaisir de longer la côte est effacé par la rapidité du trajet. Alors je me cale dans mon fauteuil, le temps de fermer un œil, je m'évade de ce train. D'un pas incertain je me déplace sur les galets. Nu comme un ver, galant ou pas, je prends le temps de prendre un bain. Un tuba me tend la main, un masque me rejoint, je visite les fonds marins. Un barracuda me veut pour proie, mais moi, ma foi, je me transforme en anchois et finirai dans un pan bagnat. Je rejoins mon wagon, aisément car le train est à l'arrêt. Un cochon a traversé la voie sans regarder. Seul dans mon compartiment je rêvasse en attendant. Le plafond se dérobe à mes yeux, je m'enfuis dans le ciel bleu. Je contourne la coupole de l'Observatoire, au passage je salue Auguste, fais un point fixe sur la Principauté. Au dessus de Monaco, le rocher, en forme de tête de chien, de ses yeux caverneux, me regarde comme s'il avait faim. Je file vers l'Italie mais à cause de la covid le passage est interdit. Dans les rêves tout est permis, je me propulse vers Turin sans reprendre mon train. Bien m'en a pris. Le pont n'était plus mais le train est resté suspendu jusqu'au km d'après ou il s'est reposé sur la voie ferrée.
Larmes et rames miraculées.
LOUIS