DEUX EN UN !
Publié le 6 Octobre 2020
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Il faut que je te raconte, j’ai fait un rêve.
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Toi aussi ? Moi aussi, je vais te le raconter, tu me diras...
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Triviale vicissitude ordinaire ! Je te dis, j’ai fait un rêve, tu m’interromps : moi plus, moi plus. Mais c’est moi qui ai rêvé le premier donc toi qui doit m’écouter. C’est ça l’amitié.
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L’ami écoute son ami et toi tu ne veux pas m’écouter donc tu n’es pas mon ami, donc je ne suis pas ton ami.
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Pas un ami ? Alors quoi ?
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Un quidam !
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Moi un quidam ? Moi qui ai la gentillesse de me promener avec toi, tous les jours que le bon Dieu crée. Tu es un drôle de coco !
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Toi l’homme qui marche à mes côtés un curieux pèlerin.
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Olibrius.
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Bougre.
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Bon, raconte plutôt que de brailler, tu fais peur aux moineaux.
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Eh bien figure toi que je m’endors…
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Plus pratique…
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Plus pratique ?
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Pour rêver ! Plus commode de s’endormir d’abord.
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A peine les yeux fermés, je rêve que je rêve…
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Deux en un, comme les lessives !
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Un rêve, un mauvais rêve, des nuages noirs qui présagent… ils sont très bas, le présent est déjà le passé du futur, le futur, la mort…
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Pas bête, mort, pas de réveil, pas de réveil pas de cauchemar.
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Mais si je meurs comment me souvenir ? Sans souvenirs comment savoir que je suis mort.
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Ballot, tu seras le seul qui ne le saura jamais !
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L’idée me hante.
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A quoi bon ! Si ta hantise te conduit à la mort change de hantise
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Pas faux, illico j’arrête de rêver.
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Et tu te réveilles en sueur.
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Bien sûr que non, j’arrête juste de rêver que je rêve mais je continue à rêver que je suis éveillé. Tu comprends ?
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Pas vraiment, pas tout, j’ai dû sauter une page, je crois rêver !
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Justement tiens, faisons un rêve…
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Pop, pop, non, sans moi. En fait quand tu soutiens m’accompagner en promenade tu te balades sur la route de l’onirisme.
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Onirique onanisme des méninges !
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Bou Diou, Lucien, réveille-toi, il est presque quatre heures, tu as fait de beaux rêves au moinsss.
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