UN APRÈS-MIDI AU BALCON

Publié le 6 Avril 2020

Je m’installe sur le balcon avec mon goûter, une belle pomme Pink Lady. Comme il y a beaucoup de soleil, je mets les lunettes adaptées et une casquette. J’entends le chant des oiseaux, on dirait qu’ils se répondent. Le bruit d’un engin volant. Je lève les yeux et vois un petit avion qui s’apprête à passer au-dessus de l’immeuble. Je décide de ne pas m’énerver à cause des privilèges des privilégiés, il fait tellement beau. J’épluche ma pomme, la coupe en quartiers, la saupoudre de cannelle, commence à manger. Un oiseau assez grand vole dans le ciel, fait des ronds, monte de plus en plus haut. Je le perds de vue, mais non, il est là. Il va vers la colline, je me retourne pour pouvoir continuer à l’observer. Je vois une femme sur un balcon de l’immeuble à côté. Elle s’échine sur un vélo d’appartement, ou vélo de balcon, plutôt ? Surprise, je lui dis bonjour, elle me répond. J’ai perdu l’oiseau, me concentre sur ma pomme. Quelqu’un éternue. Ça venait d’en bas. Je cherche, ne trouve personne. J’entends aussi une balle rebondir. C’est un garçon qui joue, il est là tous les après-midi, il doit s’ennuyer ferme. Pourtant, il y a pire. Tous les garçons ne peuvent pas jouer au ballon sur le parking de leur immeuble. J’embrasse la vue que j’ai de mon balcon. Au loin, dans la brume, l’Estérel. Plus près, le Cap d’Antibes, Marina Baie des Anges, l’hippodrome, l’aéroport, la ville de Nice avec sa promenade et son bord de mer. Elle est calme aujourd’hui. Entre les barreaux de la balustrade, quelque chose brille. Je regarde de plus près. Je me demande si ce n’est pas une rayure dans mes lunettes de soleil, je les enlève. Ça brille toujours. J’essaie de toucher délicatement. Oui, il y a quelque chose. C’est élastique. Une toile d’araignée en construction ? Certainement. Je la laisse tranquille. Déjà le matin, en faisant les carreaux, je suis entrée en conflit avec une araignée. Elle était idiote. Au lieu de se mettre là où j’avais déjà essuyé, elle est toujours allée là où c’était encore sale, où je devais encore passer mon chiffon. J’ai drôlement fait attention pour ne pas l’écraser. Finalement, elle a compris, elle a pu s’échapper.

J’ai fini la pomme, me lève, m’appuie sur la balustrade, change d’angle de vue. Je vois une piscine, avec de l’eau bien claire. Le reflet du soleil se brise dans des petites vaguelettes. Une voiture fait demi-tour sur la route. Les oiseaux chantent toujours, le garçon joue toujours avec son ballon. Je décide de prendre un bain de soleil, m’installe sur la chaise longue, ferme les yeux. Une petite brise me caresse la figure, les avant-bras. Encore un engin volant dans le ciel. J’ai la flemme d’ouvrir les yeux. Je pense au printemps, l’été. Bientôt fini, le régime des pommes. A moi les cerises, les abricots, les pêches, les framboises, les myrtilles, les raisins. A la supérette, il y avait déjà des melons. Mais ce n’est pas encore la saison. Ils doivent être gorgés d’eau, et inabordables avec ça. Il faut savoir attendre.

Rédigé par Iliola

Publié dans #Confinement

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