STÉPHANE EN 2020
Publié le 4 Mars 2020
Aujourd’hui 2 mars 2020, je peux dire qu’il fait bon vivre dans mon immeuble. Depuis l’expérience du tableau en 2019 ma vie s’est transformée. Moi le petit artiste peintre, je suis aujourd’hui devenu le directeur de l’école du Louvre et pour certain une référence en matière d’art. L’immeuble aussi a changé ; depuis, chaque trimestre, les locataires se réunissent pour aborder différents sujets de la vie de notre résidence. Ce mois-ci, l’ordre du jour était d’acquérir une sculpture pour décorer notre hall d’entrée. Il va s’en dire que nous ne sommes pas tous d’accord sur le choix. Aussi la décision fut prise que chacun d’entre nous écrive au syndic pour qu’il puisse faire l’arbitrage.
Monsieur,
Comme vous le savez, depuis 2019 suite à la mise en place d’un tableau dans notre entrée, pose qui avait soulevé différents problèmes, les habitants ont formé un comité qui se réunit une fois par trimestre. Lors de la dernière réunion du comité, des habitants de l’immeuble ont décidé d’entrevoir la possibilité d’acquérir une œuvre d’art (sculpture) pour décorer le hall d’entrée de notre immeuble.
La mise en place d’une sculpture permettrait d’occuper la partie laissée pour compte auprès des boites aux lettres. Zone qui aujourd’hui sert souvent de poubelle aux publicités qui envahissent nos boites malgré le travail irréprochable de notre concierge.
En tant qu’artiste peintre et Directeur de l’école du Louvre, je me permets de vous demander d’orienter votre choix vers une sculpture classique qui serait en adéquation avec le style de notre immeuble.
Ne prenez pas exemple sur la Ville de Nice, qui nous oblige à voir le chien Totor à la place du commandant Jérôme ou les pseudos Bouddhas de la place Masséna comme des œuvres d’art.
Je viens par cette lettre non pas vous imposer mais plutôt de vous supplier de regarder l’œuvre de cet artiste contemporain GENCO GÜLAND ( photo jointe), intitulée Mr Diana, cette homme femme, symbole de notre société, semble attendre votre décision qui, j’en suis sûr, sera la bonne.
Veuillez agréer monsieur le syndic mes sincères salutations.
Stéphane
Le syndic n’est pas d’accord pour une œuvre aussi chère et propose trois statuettes de fabrication industrielle au choix.et le rédaction d'une nouvelle inspirée par l'une d'elles en vue d'un concours..
Ah non ! Pas le Chat monsieur le syndic, comme je vous l’avais dit dans ma lettre, la ville de Nice nous a imposé Totor le chien place du commandant Jérôme. Vous imaginez que je ne peux cautionner cette sculpture. Sans flagornerie de ma part je vous rappelle que je suis directeur de l’école du Louvre. Mon choix ne peut que s’orienter vers un style classique ou ancien et lorsque je regarde vos propositions, la sculpture de l’homme de type négroïde tenant dans sa main une écuelle fait disparaître le hall d’entrée de notre immeuble. Je me retrouve dans ce petit village du Burkina Faso assis sous l’arbre des palabres ou le soir tombant, j’écoutais le Griot nous raconter les histoires, celles que l’on n’écrit pas, mais qui se transmettent par la parole. J’entends le chant des femmes
« Malaika nakupenda malaika manini fagnégué » amour du passé, l’amour tout simplement. Cet homme derrière ses yeux fermés regarde le monde, notre monde, notre quartier où se mélangent des personnes venues des différents continents. Accroupi auprès de nos boites aux lettres, il sera un symbole et un jour il se lèvera et il élèvera l’amitié des habitants de notre immeuble. « Malaika nakupenda malaika manini fagnégué. »
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Les aventures de Stéphane en 2019 sont ici :