PRINTEMPS 2020

Publié le 28 Mars 2020

Depuis le 21 mars, le printemps est là. Le matin, de mon balcon, je vois voler les tourterelles. Elles me semblent plus légères, plus aériennes qu'avant le confinement. Plus élégantes, plus gracieuses. Plus à l'aise, l'espace est à elles. Elles s'en servent sans inquiétude. Plus de circulation, plus de bruits insolites pour les perturber. Idem pour les mouettes, je ne les vois pas, n'ayant pas de vue sur la mer ; je les imagine virevoltant avant de plonger dans les vagues à la quête d'une bonne prise. Aviez-vous remarqué que les mouettes forment deux camps différents ? Vous avez les maussades, taciturnes, ternes qui traînent sur les galets, et les autres, les optimistes, les joyeuses, les rieuses. Ce printemps est inconséquent, les changements de température ce n'est pas nouveau, les Saints de glace au mois de mai, les jardiniers en ont toujours pâti. Mais ce confinement est démoralisant. Ce matin, me rendant chez un épicier pour quelques emplettes, j'ai revécu les mauvaises années de l'occupation allemande. En croisant des rares personnes sur mon chemin, nous nous écartions machinalement, croyant voir un ennemi nous agresser. Maussade printemps pour certains, tragiques pour d'autres !

Mais le temps, lui ne s'occupe pas de ces désagréments, il va de l'avant, les journées s'allongent, le soleil est plus haut, l'herbe pousse ; une petite averse et il faudra tondre. La nature n'a pas le temps, elle est sourde, aveugle. Elle n'intervient pas dans ces bouleversements, elle a son parcours à accomplir, elle ne dérive pas de sa ligne de conduite. Nous l'avons assez malmenée, elle se défend sans acrimonie, avec ses armes. Il nous faut retrouver l'équilibre, l'échange, nous servir à bon escient de ce qu'elle nous offre. Et respecter notre Dame Nature, nous n'avons qu'elle.

Mon but était d'écrire le printemps, puis, je me suis laissé embarquer dans des chemins de traverse. Le printemps est une saison attendue. Dès mi-mars nous sentons dans l'atmosphère un petit souffle nouveau. Le sang s'anime dans nos veines. Les premières primevères garnissent les plates-bandes, les coquelicots fleurissent dans les prés suivis par les jonquilles, les gentianes, les arums, les roses. Ah, les roses, le velouté de leurs pétales, le dégradé de leurs couleurs, magnifiques, j'ai un faible. Si le froid avait ressurgi, la température redevient agréable. Les cinq sens sont en éveil. L'odorat d'abord, l'ouïe ensuite, avec le chant des oiseaux, ils s'appellent, se répondent, se retrouvent ; puis le toucher, la vue selon le promontoire sur lequel nous nous trouvons, le goût du beau devant un tel diaporama. Le printemps rajeunit, c'est le regain en toutes choses. En amour, il booste les élans, les désirs. Moi, sous un hêtre, je domine tout ça. Mais, assis dans un fauteuil roulant, je suis un mort vivant.

 

 

Rédigé par Louis

Publié dans #Confinement

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