LES IRRÉDUCTIBLES DU TAPIS ROUGE

Publié le 9 Décembre 2019

Comme chaque année à Cannes, les inconditionnels

de la montée des marches sont de retour.

Reportage

 

H-3. Derrière les grilles qui entourent le saint des saints, l’escalier au tapis rouge, cernés par les inévitables agents de sécurité, en grand nombre cette année –contestation oblige- le petit peuple des anonymes, des fidèles pour la plupart, s’est installé avec tout son équipement, sièges pliants, thermos, jumelles, appareils photo, rien ne manque pour passer plusieurs heures à patienter. Leur espoir ? Le temps d’un regard, d’un sourire, qui sait d’un mot, d’un autographe même, d’une des stars de ce soir, entrer dans le cercle magique de la célébrité.

 

Odette, cheveux gris permanentés, formes opulentes, trône sur son fauteuil de camping :

« Moi, je viens depuis trente ans, depuis que j’habite à Cannes, enfin au Cannet, c’est pareil. Pour rien au monde je ne raterais ça. L’an dernier, il y avait Kate Blanchett, sublime ! Elle avait une robe en lamé et des talons de douze centimètres. Je me demande comment elles arrivent à marcher avec ça ! Mais je me souviens encore de Catherine Deneuve, pourtant ça date pas d’hier, la classe, une princesse ! »

 

Ivan, lui, ça ne fait que quatre ans, il est jeune, moins de trente ans :

« Moi, je vais jamais au cinéma, je regarde des séries sur Netflix. Je sais même pas le titre du film qui passe ce soir. Ce qui me fait kiffer, c’est de voir des stars, des gens célèbres. Des fois, j’arrive à les prendre en photo et je les mets sur Insta, trop fier, mes abonnés sont verts de jalousie, mais il paraît qu’on a pas le droit. Et il faut faire vite, ça défile sur les marches et quand ils posent, c’est pas pour nous, c’est pour les pro »

 

Alice, sept ans, est là avec sa mère. Il n’y a pas d’âge pour les fans.

« Ce soir, y a en une que j’aime trop, comment elle s’appelle déjà, je me rappelle plus, tu vois qui maman ? mais elle est tellement… tellement… »

Les mots lui manquent tant elle est émue. Sa mère lui tend un sandwich « Mange un peu ma chérie, on est là pour un moment, tu sais ? »

Mais la petite écarquille les yeux et ne détourne pas la tête, au cas où son idole passerait juste à cet instant-là. Un bel avenir de fan devant elle…

 

Ainsi va le festival, d’année en année, rien ne semble décourager le petit monde des irréductibles, ni la pluie, ni le vent, ni les heures d’attente. Ils font partie du folklore de Cannes. Ils nous rappellent que derrière les paillettes, les flashes, les smokings, les bijoux hors de prix, les robes de grands couturiers, il y a aussi les « vrais gens », ceux qu’on ne voit ni n’entend. Qui sait ce que serait le festival sans eux ?

 

Monique

Rédigé par Monique

Publié dans #Cinéma

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