TITANICE
Publié le 18 Novembre 2019
Calée entre les coussins, bien au chaud sous ma couette, je m’apprête à regarder pour la énième fois mon film favori « Titanic ». Je n’oublie pas de prendre la boite de kleenex et accessoirement le pot de glace au caramel salé. Ah dernière chose ! je mets mon téléphone en mode silencieux, il ne s’agirait pas que quelqu’un vienne interrompre mon tête à tête avec Di Caprio.
J’éteins la lumière et les premières images apparaissent sur mon écran de télévision. Instantanément, je me laisse happer par l’histoire de ce beau jeune homme qui obtient par le jeu son billet pour monter dans ce majestueux bateau. Les décors, les costumes, les péripéties des deux protagonistes m’enchantent, je suis l’action, je suis avec eux quand soudain j’ai froid aux pieds, je suis gelée. Je veux me lever de mon canapé pour aller chercher un gilet mais je n’y arrive pas, mes pieds se prennent dans la couverture, je trébuche et me cogne la tête sur l’accoudoir.
Quelques secondes pour reprendre mes esprits, j’ouvre grand les yeux et découvre avec stupeur que je suis coincée dans un couloir au deuxième sous-sol du Titanic. Des gens affolés crient et courent dans tous les sens. Je n’ai pas le temps de me raisonner et d’analyser la situation que je suis prise dans le flot grouillant de la foule qui me pousse dans les escaliers pour tenter d’échapper à l’eau qui monte inexorablement. Arrivée en haut sur le pont je reprends mes esprits. J’ai réussi à m’échapper des entraves du bateau, mais là dehors dans ce froid glacial, je réalise que je suis pieds nus et que je ne porte sur moi qu’une combishort en coton. Je comprends que le bateau continue sa descente infernale vers le fond de l’océan car c’est bien la vingtième fois que je vois ce film et je connais pertinemment la fin de l’histoire…
Quitte à mourir sur le Titanic autant que ce soit avec Jack… Fébrile, je regarde autour de moi afin d’apercevoir sa silhouette juvénile mais de nouveau la foule me happe et me transporte à mon corps défendant. Je grelotte, mes pieds sont endoloris, la foule m’oppresse, je suffoque… Quand tout à coup je le vois, en haut des escaliers, il s’accroche à la rambarde alors que le bateau bascule de plus en plus. J’essaye moi aussi de m’accrocher à tout ce qui est à ma portée mais je glisse désespérément et j’essaye d’apercevoir une dernière fois Jack avant de me laisser aller dans l’eau glacée.
Ça y est j’y suis c’est la fin, je ferme les yeux… et lorsque je les rouvre je suis tranquillement avachie au fond de mon canapé. A la télévision en face de moi le film continue de se dérouler, Jack et Rose dérivent sur l’océan et moi, il me faut quelques minutes pour réaliser que je suis en vie. Heureuse, tellement heureuse. J’espère que la prochaine fois que je verrais ce film il se produira l’inverse : c’est Jack alias Léonardo Di Caprio qui sortira de l’écran pour venir se blottir dans mon canapé, contre moi…