QUELQUES NOTES DE MUSIQUE
Publié le 1 Octobre 2019
Il était une fois dans l’ouest, enfin je crois.
Je me souviens du jour où l’homme aux yeux bleus avait obligé mon maître à jouer cette musique lancinante qui était un prélude à la mort. La mort de l’homme juché sur ses épaules, son frère. Les notes se bousculèrent quand il tomba à terre et je me retrouvais ainsi dans la poussière de l’hacienda.
Le temps passa et mon maître, d’enfant, était devenu adulte à la rancune tenace. Sa raison de vivre était de retrouver l’assassin. Il se servait de moi comme d’un appeau, la musique qu’il jouait, quelques notes, simple phrase musicale, donnait le frisson à qui pouvait l’entendre. Elle était le sésame de la porte de la mort. Enfin, un jour sous un soleil de plomb, il le trouva. Ses lèvres posées sur moi ne tremblèrent pas. La musique retentit dans un monde où tout s’arrête pour l’écouter. L’homme le regarda et ne comprit pas pourquoi une tache de sang venait d’envahir sa chemise. Mon maître s’avança alors, regarda fixement l’homme sur qui, le voile de la mort commençait à faire son œuvre. Il me prit et m’enfonça dans la bouche de cet inconnu. Il se retourna et s’en alla, me laissant seul au milieu d’un gargouillis de salive.
Plus jamais un son ne sortira de moi ; en se vengeant mon maître venait de signer ma mort.
Il était une fois un Harmonica.
***
Et puis... Un Brouillard intense...
Un brouillard intense m’entourait, je ne savais plus dans qu’elle direction aller. Pourtant il y a à peine un quart d’heure, j’étais assis dans mon canapé. Je me souviens, le film Il était une fois dans l’ouest venait de se terminer. Tout cela ne m’expliquait pas le pourquoi de la situation dans laquelle je me trouvais. Pas un bruit, juste le crissement de mes pas sur du sable venait troubler le silence de mon environnement. Le monde, mon monde avait disparu.
Je fis quelques pas, les bras tendus à la recherche d’un mur, d’une porte, rien ; le brouillard épaississait le mystère. Quand soudain, avec mes pieds, je heurtais un objet. Qu’est ce que cela ? Doucement à tâtons je le saisis entre mes mains. L’objet était de forme parallélépipédique, je le portais à mes yeux et là, je ne pus retenir un cri :
– Un harmonica !
L’harmonica du film, Il était une fois dans l’ouest.
Devant mon air ahuri, il se mit à parler :
– Oui c’est moi, je t’ai fait venir dans mon monde pour que tu me retrouves. Je ne pouvais pas mourir et disparaître comme ça ! Porte-moi à tes lèvres et joue.
Une peur indicible m’envahit ; serais-je entrain de devenir fou ?
A l’intérieur de moi, une petite voix me dit :
– Ecoute-le, joue !
– Mais je ne sais pas, je n’ai jamais fait de musique, m’écriais-je.
– Joue, fais -lui confiance, me répondit la voix.
Alors, au milieu de nulle part, je portais l’harmonica à mes lèvres et je me mis à souffler, à jouer.
A ce moment-là, le brouillard se déchira un vent l’emporta et je me retrouvais enfoncé dans mon canapé.
J’ouvris les yeux, la nuit était bien avancée et là, éclairé par un rayon de lune, l’harmonica trônait sur le guéridon.
Je lui chuchotais :
– C’est toi ?
Le silence fut sa réponse.
Je repensais alors à cette phrase du poète Lamartine : « Objets inanimés avez-vous donc une âme ?».
Aujourd’hui, enfin cette nuit, je sais, et la réponse est Oui !