JUSTE AVANT LE FILM

Publié le 18 Septembre 2019

Enfin ! C’est fou le monde qu’il y a aujourd’hui à la cinémathèque ! Arrivée bien en avance, j’ai trouvé une file d’attente considérable et piétiné un bon moment devant les portes. Heureusement, il ne fait pas froid et j’ai aperçu quelques personnes de connaissance..

Ça y est, c’est l’instant magique de l’entrée, toujours renouvelé, chaque fois différent. Il flotte une vague odeur de camphre, peut-être un produit pour nettoyer ou éliminer les miasmes de la séance précédente.

Tout le monde se bouscule pour avoir la meilleure place. Une dame me marche sur le pied. J’émets un petit cri inaudible, elle continue sa progression, elle est déjà loin.

Claquement des fauteuils dont les ressorts semblent fatigués. La salle bruisse de mille conversations chuchotées. Mais beaucoup semblent happés par leur téléphone, yeux baissés, pouces agiles, tous ces rectangles lumineux forment comme des guirlandes.

En rangeant le mien, je trouve au fond de la poche du sac un caramel oublié. Petite madeleine des séances de l’enfance où l’ouvreuse, son panier accroché autour du cou, clamait « Bonbons, esquimaux, chocolats glacés ! » et où nous entamions les négociations. J’adorais regarder les publicités et obligeais mes parents à m’attendre, mi-agacés, mi-moqueurs, jusqu’au début de la séance suivante pour les voir encore une fois. Je déguste le bonbon un peu mou, le fais fondre lentement, cette douceur sucrée me régale, mes dents n’en raffolent pas.

Tout le monde semble avoir réussi à trouver une place, enfin. Les conversations peu à peu s’effilochent, les bruits sont plus étouffés, les téléphones rangés. On se prépare, on se met en condition. Les gens devant moi continuent de parler tandis que les lumières s’éteignent. Vont-ils se taire ? Je lâche un discret « chuuut » qui se veut, pour l’instant, amical.

Ici, pas de publicité et le film démarre à l’heure pile. Je me cale dans mon fauteuil, pas de chignon haut ni de couvre-chef imposant devant, je vais pouvoir m’appuyer sur le velours un peu râpeux du dossier. Mon voisin sent la transpiration, ou le corps pas très bien lavé. Il va falloir supporter car il n’y a plus la moindre place libre et je n’ai pas de pince-nez.

Heureusement, dès que la séance va commencer, comme à chaque fois, j’oublierai tout et plongerai tête la première dans le film. Une heure quarante de bonheur.


 

Monique EHRLICH

Rédigé par Monique

Publié dans #Cinéma

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