CINÉMA, CINÉMA ?
Publié le 21 Septembre 2019
Est-ce le cinéma qui fait les films ou les films qui font le cinéma ? Pourquoi me poser cette question, je ne suis pas sûr de pouvoir y répondre. Dans le langage courant, on dit : je vais au cinéma pour voir un film. Il me semble plus judicieux de dire : je vais dans une salle de spectacle pour voir du cinéma, par l'intermédiaire d'un film. Encore que dans la rue, si l'on observe un peu, beaucoup font du cinéma, de bon ou mauvais goût, sans être filmés. Promenez-vous une heure ou deux, regardez autour de vous, vous assisterez à plusieurs séquences que l'on trouve dans des films : des piétons qui traversent au feu rouge,banal. Des voitures qui passent à l'orange même sanguine, ce n'est pas qu'au cinéma. Des groupes de petites gitanes qui voltigent autour de touristes qui se retrouveront sans leur portefeuille ou autres bijoux. Dans certains cas, la police intervient, mais nous retrouverons plus loin, un peu plus tard les mêmes fillettes virevolter autour d'autres personnes. La mésentente entre les piétons sur les trottoirs qui leur sont réservés et les cyclistes et trottinettistes qui les frôlent et même les bousculent. Ils s'en suit souvent des insultes et noms d'oiseaux.
D'autres séquences plus agréables sont visibles : un garçon et une fille qui éclatent de rire, qui s'embrassent goulûment avant de s'éloigner en se tenant par la taille. Deux grands mères assises à la terrasse d'un café refaisant le monde à grand coups de : de mon temps ceci, de mon temps cela, tout en reluquant sans vergogne le fessier d'un éphèbe passant à proximité. Vous vous asseyez à côté d'un groupe de jeunes, c'est fou les conneries qu'ils peuvent dire, pire que les miennes. Arpentez la promenade du paillon, vous profiterez des rires des enfants jouant sur les sculptures en bois. Traversez le vieux Nice, vous n'entendrez plus beaucoup parler le niçois, les commentaires de Mado un peu dépassés relatant un folklore récent, mais quelques boutiques valent de s'y arrêter : galeries de tableaux, antiquaires, brocanteurs, gargotes pour goûter aux spécialités culinaires niçoises.
Puis vous passez au bas de la rue du Malonat rendue célèbre depuis que Jean Paul Belmondo l'a dévalée en voiture, et vous débouchez sur le quai des Etats-Unis avec à gauche la colline du château, à droite la vue panoramique de la Promenade des Anglais jusqu'à l'aéroport, le cap d'Antibes, et par temps clair le pic de l'Ours. Ces vues, des milliers de personnes les connaissent, elles ont été tellement filmées, photographiées, peintes. Cela les a sublimées et elles sont autant reconnues dans le monde que les Champs-Elysées. Nice et les studios de la Victorine ont profité d' heures glorieuses dans les années cinquante.
Aujourd'hui, en 2019, il est fort probable que ces studios vont renaître d'une longue apathie et retrouver le lucre d'antan.