DERRIÈRE LES PERSIENNES
Publié le 20 Mai 2019
Vu de ma fenêtre, les persiennes vertes, à peine entrouvertes
Et le jour naissant qui passe à travers.
Je sais la rue, en bas, le store de la boulangerie couine,
Je sais l’odeur des croissants chauds qui, peut-être, viendront jusqu’à moi…
Sans ouvrir la fenêtre, je sais déjà les gens ;
Il y a cette mère qui accompagne ses enfants,
L’école n’est pas loin, ça braille au bout de la rue,
Ça réveille le quartier, ces gosses et leur boucan..
Et puis, y a ces quidams, les pressés, les stressés, les énervés
Les piétons, les trottinettes, les voitures et leurs klaxons ;
Lucy sur son vélo, son sac en bandoulière,
Sans ouvrir la fenêtre, je sais déjà tout ça.
Sans ouvrir la fenêtre, je peux imaginer la rue
Comme un jardin aux fleurs de Paradis,
Les abeilles, les oiseaux, les papillons, les fruits,
Le parfum du jasmin par-dessus le diesel..
Sans ouvrir la fenêtre, mon rêve peut advenir,
Franchir les persiennes closes pour habiter ma vie, ma rue, ma chambre.
Derrière les volets, je mets ce qui me plaît, une autre réalité,
Celle qu’est dans ma tête, et ça, personne ne peut me l’enlever
Tant que je n’ouvre pas la fenêtre.
Sans ouvrir la fenêtre, je peux même voir la mer,
Le soleil sur les vagues, l’écume et les poissons,
Je peux voir les bateaux, leurs voiles blanches, au loin,
Et le port où le vent chante avec les marins.
Et puis, si j’ai envie, je peux voir la montagne.
Tiens, voilà un chamois, là-haut, sur le sommet.
Sans ouvrir la fenêtre, je peux tout décider,
Mais…
Le bruit de la rue, un gros camion qui passe,
Et Ludo qui gueule : ‘‘Hé, Manu, ! Tu descends ?’’
Pulvérisent le rêve…
Derrière les persiennes aux airs pourtant champêtres
Y a la ville qui bouge, y a la vie, y a les gens.
Alors j’ouvre la fenêtre pour crier :
‘‘Oui, Ludo, je descends !’’.