LA BOÎTE
Publié le 26 Février 2019
La boîte, petite de taille mais grande de souvenirs.
Mon grand père la cachait.
Ma grand mère la chérissait.
Les enfants la cherchaient.
La nounou la regardait.
Mais personne n'y touchait.
Elle avait certainement appartenu à quelqu'un d'important, s'était faufilée de génération en génération.
Ma grand mère, Angèle, vous pensez, née au 19eme siècle y tenait beaucoup.
Un Maharaja venu à une exposition universelle en 18... l'avait perdue durant une bousculade ou bien volée dans sa chambre d'hôtel. La femme de sa vie, morte dans ses bras, la tenant fort dans ses mains, cette boîte détenait le pouvoir magique, en fermant les yeux, de faire sentir les doigts voluptueux et doux de son épouse.
A travers le temps ce petit objet conservait comme un magnétisme, excitant, important.
Il avait été offert à Angèle jeune fille, elle y cachait, ses perles préférées, des petits bouts de tissu ou des fleurs séchées, petites manies d'enfance, ( comme un journal intime ).
D'autres possédaient des poupées, si, si... Juliette, une amie en porcelaine, jouissait du privilège comme gardienne de sa chambre à dissimuler sous sa robe en satin bleue azur ce précieux coffret.
Avec son imagination débordante, Angèle voyageait, son fétiche dans les mains, assise près de la fenêtre, dans des pays lointains les décorations de la boîte, lui rappelait des tableaux vus dans les musées, l'art arabe sans visage mais incrusté de fragments de pierres précieuses, lorsque, avec sa sœur, elle s'échappait le mercredi après midi. Parfois énervée ou colérique, Angèle s'enfermait dans sa chambre, refuge impérissable d'une intimité préservée.
Et la magie de son bien opérait.
De source sûre cet objet était vivant et bienfaiteur, l'attraction comme un aimant.
Toutes les couleurs de l'arc en ciel défilaient et tournaient sous ses yeux et dans sa tête.
Qui pouvait imaginer qu'un petit objet creux, un contenu improbable, un couvercle scellant le tout ou rien, engendrait tant de spéculations !