UNE FRANÇAISE LAURÉATE DU PRIX NOBEL DE MÉDECINE
Publié le 22 Octobre 2018
Le 10 octobre 2050, l'institut médico-chirurgical Karolin de Stockholm porta à la connaissance du public qu’il décernait le prix Nobel de médecine à la Professeure Geneviève Genet pour ses travaux sur le génome humain.
Le lendemain, Le Monde y consacra un long article. Voici les principaux extraits :
« Ce n’est pas courant que cette distinction soit décernée à une Française. Le choix effectué n’est pourtant pas une surprise. La Professeure Geneviève Genet, généticienne connue, a en effet apporté une solution à deux problèmes majeurs de notre civilisation.
Le premier combat se joua sur le front du réchauffement climatique. La Professeure Genet avait dans un premier temps déterminé les endroits les plus chauds de la planète. Elle s’est ensuite rendue en Australie, en Libye, en Iran, au Koweït, au Pakistan, en Éthiopie et en Israël pour faire des prélèvements d’ADN des habitants de ces régions où la température ambiante est particulièrement élevée. Elle a ensuite procédé au décryptage des plusieurs milliers d’échantillons pris. En en croisant les résultats, elle a pu isoler le gène Chla qu’elle trouva dans le génome de quasiment tous les habitants des régions qui enregistraient traditionnellement des chaleurs élevées, tandis qu’il est absent du génome des habitants des régions à température jadis modérée. Utilisant la technique maintenant bien maîtrisée de la transgenèse, elle a ensuite détaché le gène identifié de son support naturel pour le transférer dans le génome de souris. Ceci lui a permis d'en étudier la fonction, le fonctionnement et le rôle. Ses recherches confirmaient son hypothèse de départ : les peuples habitant des régions traditionnellement chaudes sont munis d’un gène leur permettant de mieux supporter la chaleur.
Tirant les conséquences de ses recherches, la Professeure proposa alors de transplanter ce gène dans le génome des personnes qui en sont dépourvues. Une longue bataille politico-juridique, largement commentée et alimentée par les médias, commença alors. Certains invoquaient la Déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l'homme adoptée en 1997 au sein de l'UNESCO. Selon eux, compléter le génome par un gène étranger serait une pratique contraire à la dignité humaine. D’autres rétorquaient que cette déclaration, qui datait de plus d’un demi-siècle, n’était plus du tout adaptée à l’avancement des sciences. Puis, ils ajoutaient que cette déclaration n’était pas contraignante, qu’il ne s’agissait pas d’un traité qui aurait lié ses signataires. D’autres encore spéculaient sur la brevetabilité de ce procédé. La première demande de brevet, déposée par la Professeure elle-même, avait été refusée. Un procès est pendant à ce sujet. Créant un précédent, le verdict des juges est attendu avec impatience. Des manifestations pour et contre la transplantation du gène avaient eu lieu dans le monde entier, avec quelques débordements dus surtout à la chaleur dont souffraient les manifestants.
Avec le réchauffement constant de la planète et la réduction, pour ne pas dire l’effondrement de l’espérance de vie, l’opinion publique s’est finalement ralliée très majoritairement à l’autorisation de la transplantation. Un traité international posa quelques principes et régla les détails pratiques. La porte était ainsi ouverte à l’implantation de ce gène à toutes les personnes qui n’en avaient pas. L’homme génétiquement modifié était né ou plutôt construit. Cette mesure reste toutefois facultative pour les populations, mais, en France, elle est remboursée par la Sécurité sociale, même si ne pas disposer de ce gène naturellement n’est pas exactement une maladie. La question avait déjà été soulevée au sujet de la pilule contraceptive. A l’époque, au siècle dernier, la loi fut modifiée pour que les caisses puissent rembourser la pilule contraceptive et l’avortement.
Lorsque la transplantation de ce gène fut enfin autorisée, la Professeure s’était déjà orientée vers un autre projet de recherche, projet largement financé par l’industrie automobile. Elle s’était attaquée aux nanoparticules ultrafines émises par les moteurs diesel. Comme nous le savons tous, les leaders politique du monde entier baissent les bras devant le lobby tout puissant de l’industrie automobile. La Professeure a alors utilisé une méthode similaire à celle employée pour le gène Chla. Elle a choisi des personnes réunissant deux critères. Elles devaient habiter dans des endroits très pollués par la circulation automobile et avoir atteint un âge plutôt exceptionnel, c’est-à-dire avoir plus de 50 ans. Pour que des particularités régionales des populations ne perturbent pas les résultats de ses recherches, elle a, là aussi, fait des prélèvements dans le monde entier. De nouveau, la Professeure Genet avait pu isoler un gène. Celui-ci, le gène Dsli, semblait protéger ses porteurs du cancer des poumons. Le génie génétique lui avait ensuite permis de corroborer son hypothèse et de trouver la méthode de transplantation la plus adéquate. Cette fois-ci, la bataille politico-juridique, et surtout médiatique, était gagnée d’avance. Comme les effets bénéfiques sur la santé des transplantations du gène Chla, ou gène de la chaleur, comme on l’appelait, étaient avérés, la modification génétique pour tous dans le sens d’une meilleure résistance aux nanoparticules ultrafines fut autorisée rapidement. Depuis, la courbe de longévité a pris un nouvel essor. L’attribution de ce prix Nobel à la Professeure Genet correspond donc bien à la condition qu’Alfred Nobel avait posée dans son testament. Il souhaitait que soient récompensés des chercheurs qui « auront apporté les plus grands bienfaits à l'humanité » ».
Dernière minute : on vient d’apprendre que le prix Nobel de l’économie va à l’Américain Amadé Smith pour sa modélisation des conséquences de l’augmentation de l’espérance de vie sur l’équilibre financier des caisses de retraite.