SON RÊVE

Publié le 5 Octobre 2018

Il s’était endormi comme une masse, tourmenté par le lendemain, stressé par aujourd’hui, des échanges houleux avec ses clients, des remarques et rien qui avançait. Sa première heure de sommeil passée, il retrouva « son » rêve, sa nouvelle vie comme il disait, car ce rêve était récurrent.

Par la fenêtre ouverte de sa minuscule maison, il entendait les oiseaux qui se réveillaient chacun à leur tour. La nuit faisait place à une lueur bleutée, faisant apparaître peu à peu son environnement quotidien. D’abord l’énorme chêne, champignon géant au bout de son jardin, dont la stature laissait encore dans l’ombre le minuscule plan d’eau qu’il avait réussi à aménager près de la source découverte un peu par hasard, à force de patauger dans ce petit marécage tourbeux. L’odeur de la terre mouillée arrivait dans ses narines. Ça, c’est la nature ! Il adorait cette odeur, telle celle qui remonte du sol après une grosse averse, mélange de terre et d’herbes mouillées, qui disparaîtrait dès que les rayons du soleil auraient un peu chauffé l’air ambiant.

Allongé dans son lit, il goûtait ces instants magiques, se réveillant peu à peu en rythme avec la nature. Le coq se manifesta plusieurs fois… Ses copines les poules commençaient à se mouvoir. Il percevait le bruissement maladroit de leurs ailes fripées au fur et à mesure qu'elles se réveillaient de leur ponte. Avec un peu d’imagination, il aurait pu sentir la chaleur des œufs frais qui passait dans sa main quand il allait les ramasser. Les derniers semis pointaient leurs petites épines vert pâle, dans lesquelles s’accrochaient des gouttes de rosée.

Il lui tardait vraiment de redécouvrir son jardin tous les matins.

Et puis cette divine surprise il y a quelques jours : au pied des plans de tomates noires de Crimée, rampaient depuis quelque temps des lianes de courges (ou courgettes ?...) probablement issues du compost qu’il avait répandu dans la rangée de tomates. Mais non, il avait découvert, émerveillé, qu’au bout de ces lianes, cachés dessous ces feuilles vert foncé, commençaient à grossir deux melons, également fruits du compost. Tout se recycle de manière naturelle, reproduction à l’identique des déchets déposés dans son grand bac en bois.

Il se prit à rêver d’un champ de caféiers, issu des résidus de sa bonne vieille cafetière… Ah ! Ce ne sont pas les capsules d’aluminium qui pourraient faire de moi un torréfacteur accompli, pensait-il, le sourire aux lèvres.

Il pensait à tout ça… Le soleil rentrait à présent dans la chambre. Il repoussa la couette devenue trop chaude et il ouvrit les yeux… Sur le dossier de sa chaise, la cravate de la veille était mauvais signe, son téléphone mis sur silencieux clignotait avec insistance…

Et si seulement il pouvait se rendormir !

Rédigé par Bernadette

Publié dans #Écologie et environnement

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