EPHEMERE
Publié le 2 Octobre 2018
Imagine… La mer avale le soleil ‘‘dans son sang qui se fige’’, puis la nuit s’installe. La vraie.
Imagine… Tous les éclairages des villes ont disparu, et les gens, et les prédateurs, et le bruit.
Dans le silence sombre, la lune irradie, les étoiles clignotent, la Voie lactée coule au milieu du ciel. Alors, la ville dresse ses murailles grises contre l’obscurité, s’y enfonce comme dans un édredon de velours noir. Les carreaux des fenêtres font leur cinéma en laissant défiler sur leurs écrans obscurs de pâles nuages irisés de nacre. Plus bas, dans les rues cirées par quelque éclat de lune, les chats de gouttières, fantômes furtifs, glissent sur un feulement âpre, leurs yeux verts en éclaireur.
Imagine… La liberté... Voler sans être aveuglé, sans se brûler les ailes aux feux des réverbères, sans chauves-souris voraces en chasse, sans insecticide à l’éther déstabilisant. Alors moi, l’éphémère, invisible et serein, j’aurai toute la nuit, toute ma vie…