QUELLE MISÈRE !
Publié le 23 Septembre 2018
Quelle misère ! Je me sens si seule dans cet endroit inconnu.
Qu’ai-je donc fait pour mériter ça ?
Pourtant je me souviens, j’ai été voulue, désirée, attendue avec impatience et on m’a plantée avec amour. J’ai été heureuse bien au chaud au fond du ventre de ma mère. Heureuse dans cette odeur tantôt humide, âcre, mousseuse, terreuse et tenace mais ô combien rassurante ; tantôt sèche, poudreuse, envahissante, étouffante mais ô combien familière. J’ai été emmitouflée, cajolée et protégée du bruit, du froid et des intempéries mais pas des êtres humains. Je ne sais pas ce qu’ils ont déversé dans le cœur de ma mère, des substances licites ou illicites, miraculeuses ou trompeuses qui m’ont dénaturée et même empoisonnée… Tant pis pour eux !
Pourquoi a-t-il fallu que l’on m’arrache, m’écartèle, me jette, me décapite, m’ébouillante et m’écrase sans pitié ???
Au moment où je vous parle j’entends des cris dans la cuisine :
« A table les enfants ! Venez vite, cela va refroidir. Au menu : saucisses purée ! »