MÉMOIRE DE VIGNE

Publié le 19 Septembre 2018

Pied en terre, tête au soleil..

Je dodeline nonchalamment sous la brise azurée, jette un œil moqueur alentours..

Les voisins aussi semblent en quête d'un souffle porteur, une brise florale sucrée, avide, jeune et fantasque.. Un vertige me prend à l'idée de voler, emporté par l’effluve romanesque d'une tornade effrénée, un typhon débridé se jouant de nous, malaxant nos racines au gré de son œil torve.

Je rêve, enraciné dans le temps, la boue, et les crottes de chevaux, comme enfin revenu à l'époque costumée de ces bourgeois endimanchés qui couraient dans nos rangs, se cachaient sous nos feuilles affaiblies, maculaient leurs chausses puantes marinées de sueur, avant le retour fébrile vers le château, sobre et pompeux à la fois.

Le vent tourne ou plutôt change, il porte la brume tannée d'outre-Manche, les relents capiteux et dorés d'une jungle brutale, le cloaque à moustique, un refuge de serpents impavides. Je rêve…

Des mains âpres et avides se penchent vers moi, le cœur en chamade, les yeux en pépites.

Puis des pieds terreux et puissants me foulant sans détour, lentement, doucement, jusqu'à faire jaillir toute l’aigreur de mes fruits, des billes vertes ou mauves, âcres et douces à la fois. Un jus fort qui coule en bouche, irradie le palais, comme une huile végétale bonne à graisser les organes, faire jubiler l'esprit. Un subtil distillat à venir.

Rédigé par Nadine

Publié dans #Écologie et environnement

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