ELUCUVIBRATIONS

Publié le 3 Juillet 2018

La profusion de sons féconds en tourbillons, comme des papillons, jusqu'au tréfonds de la déraison, produits par un trublion de la chanson, dégage une émotion. Un tango sur un air de bandonéon, langoureux, merveilleux, un violon, un pas de deux, un pas de trois, un pas de roi.

Et allons, dansons, dansons jusqu'au fond de la nuit, puis... L'aube, le petit matin, les cris des pies sur les épis de blés que la première brise fait onduler. Musique nostalgique sur le matin blême, rumeur lointaine de la ville qui s'éveille, j'aime.

 

 

Dans le grand salon d'un palace niçois, l'orchestre philharmonique de Bémol sur Dièse joue des airs contrariés, au grand détriment des danseurs qui ne savent plus où placer leurs pieds. Un début de tango langoureux pour attirer les couples, qui se transforme en rock endiablé, suivi d'un paso doble avec cotillons, car c'est la soirée de la redoute en fin de carnaval. Début de soirée guindée, les chiens des clients se regardent en faïence de Sèvres. Après quelques verres, l'atmosphère se réchauffe, les convives (et non le contraire) se détendent. Les couples se forment, se défont, se mélangent ainsi que leurs jambes ne suivant plus la cadence, sous la table aussi. Et au dehors, danse la neige. Les dernières giboulées, les derniers flocons des derniers jours d'hiver virevoltent dans le clair de lune, ressemblant en blanc aux arabesques des étourneaux au mois de novembre.

 

Le violoniste, bûcheron de son état, fit le simulacre de se cracher dans les mains avant de prendre son archet. L'archet du bois. Mais quelle corde crochait-il pour sortir ses hans, hans de bûcheron et les sons du heurt de la hache sur le tronc. Un haut bois aurait mieux fait l'affaire. La ferveur du violoniste porta ses fruits, ocrés, car des nèfles bientôt jonchèrent le sol, la, si, do. Lassitude du dos. Évidemment, un bûcheron violoniste serait plus en accord pour entamer les fûts au lieu des fa, sol, la, si le don n'y est pas. Le violoniste s'en fut au delà de l'orée, mi, fa, sol encombré de résidus tombés des hauts bois.

Moralité: Un violoniste saccageant des bois risque de se retrouver au violon. Un bûcheron, même avec un violon, n'aura jamais son nom au dessus d'un fronton.

 

 

Quel souvenir merveilleux cet intermède dans une soirée presque uniquement jazz. Dans une petite chapelle, un quatuor de cordes féminin interprète des musiques de chambre. Je les revois toutes les quatre. J'écoute et j'essaie en les regardant séparément de reconnaître le son de leur instrument. Pas facile, je ne suis pas mélomane. Trois violons, un violoncelle. Bercé par cette musique, je m'intéresse aux interprètes. Quatre jolies femmes, ce qui ne gâte rien. A gauche, un violon, grande, bien qu'assise comme les trois autres. Des grands yeux bleus, très bleus, impressionnants, peut être des lentilles de contact ! A sa gauche un deuxième violon. Ressemblance, à croire que se sont deux sœurs, pourquoi pas ! Celle-ci a une poitrine un peu plus menue, un sourire intérieur glisse sur ses lèvres. Puis le violoncelle, je le garde pour la fin. Le troisième violon, une brune pétillante, plus petite que les trois autres. Elle donne l'impression de retenir son archet pour rester dans la mesure. Le violoncelle, ah ! le violoncelle ! Je l'ai de suite remarqué. Assise, son instrument entre les jambes écartées, sensation érotique, le fait-elle exprès ? Je me rabroue et lève les yeux sur son visage. Elle me sourit, un petit bout de langue sort de ses lèvres en me fixant effrontément. Je crois bien que j'en rougis. Le concert est terminé, je fais les cent pas devant l'entrée de la chapelle. Elle arrive, me plaque deux baisers sur les joues, me prend par le bras et nous partons enlacés… J'ai vraiment une épouse formidable.

 

Une élucuvibration inspirée par la photo suivante :

 

 

 

C'est le Sénégal, c'est pas mal. Sénégal ou Mali, c'est égal. Un couple uni, noirs en blanc, pieds nus dans le sable. Blancs et noirs, ça s'assemble. Ensemble au même rythme, l'un danse, l'autre mime. Deux noirs le soir, ça pourrait passer inaperçu mais la musique que l'on sous-entend nous aiguise la vue. Deux noirs qui dansent ça sue. Orchestre ou platine, cheveux noirs crépus, dents blanches aperçues entre quatre babines.

Intermède ! La platine patine. Les danseurs stoppés restent bloqués sur un pied, pied à terre, terre de feu car le soleil a tapé plus qu'un peu. Le tam-tam retentit, il rythme au ralenti, puis crescendo, la foule s'approche du duo. Ensemble de liesse, c'est la fête. La fête c'est la richesse du Sénégal, ou du Mali, c'est égal, deux pays amis.

C'eut été le contraire, deux blancs habillés de noir, c'eut été la même affaire, la même histoire dans un autre répertoire, l'amitié entre deux races. Oh races, oh religions, ne venez pas contrarier cette union.

J'aurai pu développer davantage le sujet, si moins maladroit, j'avais regardé la photo à l'endroit 

 

Louis NARDI

 

Rédigé par Louis

Publié dans #Musique et Danse

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