LA FENÊTRE

Publié le 15 Mai 2018

LA FENÊTRE

J'habite au cinquième d'un immeuble bourgeois. Suite à un accident je suis cloué sur ma chaise et mon seul plaisir aujourd'hui, c'est de regarder le monde qui m'entoure à travers ma fenêtre. La journée je regarde, les teintes du ciel qui se déclinent dans les bleus et les ombres qui, comme le stylet du cadran solaire, m'indiquent les heures. Les heures du jour qui s’égrènent doucement, elles me font languir le moment où tout s'allume, quand les rues se teintent d'orange, J'ai rendez vous avec elle.

 

Je reste dans la nuit de ma pièce, pour observer comme un voyeur amoureux ma voisine d'en face. Je ne peux que l'imaginer, car je ne l’aperçois qu'à travers ses rideaux translucides. Ce qui me fait penser que tous les soirs j'ai l'impression de feuilleter un livre de photo de David Hamilton. Parfois avec la complicité d'un léger courant d'air je la vois ; alors mon cœur bat la chamade. Je la regarde, je m'invente le son de sa voix et sur mes feuilles de dessin je croque les instants de sa vie, je vole les couleurs de son environnement. J'écris sur mon cahier d'écolier, ma flamme pour cette femme que j'appelle mon apparition du soir. Un jour j'éditerais un livre j'ai même trouvé son titre :

" L'amour a sa fenêtre"

 

Pourtant je sais que jamais je ne pourrais la rencontrer. Alors je reste là jusqu'à ce qu'elle éteigne ses lumières. Je l'emporte avec moi dans mes rêves en me disant demain peut être... Et tous les soirs, grâce à elle, je pars en voyage, moi qui ne peux plus bouger.

 

Rédigé par Bernard

Publié dans #Les fenêtres

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