En face...
Publié le 20 Mai 2018
Il est 21 H, inconsciemment ou pas, j'attends que la jeune femme d'en face rentre, qu'elle allume ses lampes pour que je puisse entrer dans sa vie partager, si je puis dire, un moment avec elle tel un fantôme.
Suis-je un sale voyeur ? Pas du tout. Ce que j'aime, lorsqu'elle est là, c'est imaginer quel a été son ressenti au fil des heures de la journée ? A-t-elle été joyeuse, triste, contrariée ?
J'aime aussi voir les toilettes dont elle s'est revêtue. D'après celles-ci je me fais des petits films.
J'observe aussi la façon dont elle jette son sac à mains sur le fauteuil : énervée, calme, altière. Je l'ai vue un soir le jeter par terre, avec colère. J'en avais conclu qu'elle avait passé de sales moments à son travail.
Je ne sais quelle est sa profession : enseignante, infirmière, employée de bureau. Le mobilier de son appartement semble indiquer que ses moyens sont plutôt modestes.
Les lumières enfin s'allument . Elle ouvre sa fenêtre, je lui fais signe de la main. M'a-t-elle vu ? Je ne sais pas mais elle la referme brusquement et tire les rideaux, rageusement il me semble.
Je ferme la mienne aussi et m'assieds sur mon fauteuil Roche et Bobois, allume la télé : ce soir au programme il y a le film de François Truffaut « la femme d'à côté ».
J'oublie ma femme d'en face. Soudain je pense que je n'ai même pas fait attention à la toilette qu'elle portait… Je me le reproche. La veille, elle était revêtue d'une robe rouge au corsage échancré, aux manches longues, qui lui couvrait à peine les genoux.
Vivement demain pour une nouvelle rencontre.