J’HABITE AU DERNIER ÉTAGE

Publié le 6 Février 2018










J’habite au dernier étage de l’ immeuble A de cette cité
La nuit je rêve d’une cabane au Canada
Le jour je m’ennuie
Pour me distraire je descends plusieurs fois au Famiprix
Acheter ce qui me passe par la tête
Soi-disant je serais un panier percé
Heureusement j’ai un appétit d’oiseau
Ils m’appellent la folle du 20ème
Mais je ne suis pas si folle que çà
Ce que je voudrais c’est qu’ils me regardent, qu’il me parlent
Ainsi je me sentirais moins seule, moins étrangère
Car oui je suis une étrangère, une émigrée comme ils chuchotent
Je viens d’un lointain pays dont j’ai oublié le nom
J’étais enfant quand j’ai franchi les frontières 
Maintenant je vis ici
Dans l’ascenseur ou dans les escaliers
On se parle à peine
On n’a pas grand-chose à se dire quand on habite dans une cité 

ÉPILOGUE

 

Ce matin-là, dérogeant un peu à mes habitudes, vers 10H du matin, je me trouvais dans l'ascenseur 

non pour aller au Famiprix comme d'habitude mais au Monoprix de la rue Jean Médecin
pour profiter des soldes ; celui-ci s'arrêta au 5ème étage.
Un homme de 40 ans à la calvitie naissante monta.Il n'est pas encore  au travail celui-ci ? ne puis-je  m'empêcher de penser.
Lui :Elle passe sa vie dans l'ascenseur celle-là...
Au 3ème, une femme brune, à peine la trentaine, un peu replète, entra :Quoi ! la vieille est encore là !Celle du 20° ne pourrait -elle pas descendre trois étages à pied ? 
Ça lui ferait du bien, elle qui est assise à une caisse du Famiprix toute la journée.
Celui du 5° se promit d' aller acheter des shamallows qu'il irait offrir à cette belle. 
C'est un plan de drague comme un autre  non ? Et elle lui plaît vraiment cette jeune femme...
Ils en étaient  tous là de leurs pensées quand l'ascenseur tomba en panne.
L'homme appuya sur l'alarme puis ils attendirent.
Celle du 20° se dit qu'elle avait autre chose à faire.
Celui du 5° pensa que le ciel était avec lui, il fallait qu'il en profite.
Celle du 3° se demanda ce qu'elle allait dire à son chef pour justifier son retard.
Décontenancés, ne sachant comment se comporter ils regardaient le bout de leurs chaussures.
Soudain celle du 20° sentit le besoin de s'asseoir ; ils l'aidèrent, celui du 5° lui fit boire 
quelques gouttes d'alcool de la flasque qu'il avait  toujours sur lui ;
celle du 3ème mit sa veste sur ses épaules.
Puis, les secours arrivèrent. Ils se séparèrent sans  un signe, sans un mot.
On n’a vraiment rien à se dire quand on habite dans une cité.....

Rédigé par Françoise

Publié dans #Ecrire sur des photos

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