BEAU BOLÉRO
Publié le 4 Décembre 2017

Le chef d’orchestre se retourne, baisse sa baguette et sourit, amusé. Il ne s’y attendait pas à celle-là ! Le Boléro de Ravel mène à tout ! C’est comme ça quand l’opéra s’exporte hors les murs. Un concert en plein air, la musique prend ses aises. Oh ! Les têtes des mélomanes guindés !

Figurez-vous que, devant la scène, deux jeunes gens se lancent dans un twist furieusement sixties. La robe de la jeune fille virevolte, les genoux du garçon tricotent et détricotent sous le pantalon clair. Spectacle d’autant plus étonnant qu’ils ont un petit air timide très attendrissant, un petit air de romance… charmante. Autour d’eux, la chaleur monte, l’ambiance devient africaine. Peu-être est-ce la couleur de leur peau brune qui provoque cette sensation.. ?

En tous cas, leur intervention séduit tous les spectateurs, même les amateurs de musique métal qui lèvent leur poing, index et annulaire dressés, en hurlant « bravo les petits » de leur voix la plus gutturale.

Le Boléro de Ravel a bien du mal à couvrir le vacarme, surtout quand un jazzman s’installe au piano pour une improvisation aussi surréaliste que cette histoire sans queue ni tête.
Un accroc dans l’espace-temps, une dimension inconnue, un coup de baguette de Harry Potter, allez savoir…

Le délire se poursuit avec le chat à la flûte traversière. Oui, oui, un joli petit matou se dresse devant le chef d’orchestre et joue « Au clair de la lune ».

La lune l’écoute, se lève, se pose au sommet de la montagne avec son pianiste, lui répond en une cascade de rondes aussi blanches qu’elle.
Un moment de grâce, de poésie absolue, un moment de rêve, dans le fauteuil poussiéreux de l’opéra, porté par le Boléro de Ravel.
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