LA FEMME DU SUPPORTER
Publié le 24 Août 2016
Quand la femme du supporter s'en mêle, la rancœur suinte dans BALLON ROND ET PLUMES D'AZUR...
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Ils sont affalés dans le salon, qui sur le divan, qui sur la chaise ou même parterre, croquant des frites, buvant des bières et criant de temps en temps :
- Oh ! Non ! Non, l'imbécile ! Il a raté son coup ! Nul, l'arbitre !
Elle, elle reste à côté, entre cuisine et salon. Soyons polie, soyons aimable, bonne épouse de supporter de l'OGCNice. Il lui arrive de jeter un œil sur le match ; juste un œil ; pas très passionnant : des mâles se courent après, se cognent, se font chuter et galopent ici et là.
Roger et ses copains respirent au rythme du match ; il se laisse aller, le Roger ; il est mal fringué, le T-shirt de l'OGCNice vieux et déchiré ; les copains pareils, vulgaires, moches, minables, pas attirants pour un sou ; on grogne, on souffle, on chahute, pieds sur la table, cheveux en bataille, le poing levé parfois ; parler avec ses poings, comme un singe, grogner, rouspéter, râler, houspiller ; vocabulaire primaire, vocabulaire de primate. Hommes déchus vivant par l'intermédiaire des footballeurs, aventuriers de la télévision.
Avant, c'était les jeux du cirque - du pain et des jeux- univers parallèles, vivre par l'autre, se fondre dans l'autre, n'être plus rien ; rien que l'autre, l'ombre de sa main, l'ombre de son ombre, l'ombre d'un ballon. Illusion, réalité - ne plus savoir. Se relier à tous les supporters du monde par les mêmes regards, les mêmes gestes, les mêmes cris .
- Issa Nissa !
- A mort, l'arbitre !
Minable monde parallèle pour oublier sa vie minable et médiocre .