CURLING
Publié le 1 Août 2016
Un autre texte issu du recueil "Ballon rond et plumes d'azur"...
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Il est l’heure. L’heure de vérité. J’ai les mains moites. Je serre mon balai entre les mains. Quatre ans d’entraînement. La finale et la consécration au bout. Les pierres m’attendent sur la piste. Encore 10 secondes, 9, 8….
La télévision est allumée. Il est là. Il va passer. Les quatre autres finalistes ont fait un score honorable. Il ne reste plus que Peter et ses coéquipiers. Je le vois. Il faut que je m’occupe. Je serre mon balai dans mes mains. Je vais rentrer sur la piste en même temps que lui. Allez Peter, courage !
3,2,1 C’est à moi. Je rentre sur le rink, les yeux rivés sur les cailloux. La première pierre est lancée. Vite mon balai, avant, arrière. Le doux frottement habituel contre la glace, tout doucement pour renforcer sa trajectoire. Concentration extrême. Plus rien ne compte. La glace, le balai, la pierre.
Il est en piste, au centre de la maison. Je transpire, ma bouche est sèche. Je reproduis les mêmes gestes que Peter, tout doucement en harmonie avec son jeu. Ça y est, je suis transposée sur la glace. Nos haleines se mélangent. Je n’entends plus rien et ne vois plus que les pierres glisser doucement sur les cercles. Je ne suis plus dans mon salon, mais là-bas, au centre Olympique. Si la pierre avance trop vite, je la ralentis avec mon balai. Personne ne me voit, mais je suis là.
Les dernières secondes. C’est le dernier « end ». C’est bon. J’entends des exclamations de toutes parts et me retrouve projetée dans mon salon. Peter a gagné. Médaille d’or. Champion du monde. Je m’assoie sur le canapé et époussette les étoiles de glace qui se détachent de mon balai.