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Publié le 15 Août 2016

Au Musée National du Sport...

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Au musée des Sports de Nice, toute la journée les objets mythiques exposés vous observent quand, rêveur, vous imaginez leurs épopées.

Mais la nuit ?

La nuit… la mascotte des JO de Grenoble 1968, le piolet de Pierre Mazeau, la raquette de Yannick Noah, le casque d'Henri Pescarolo, les gants de Marcel Cerdan, tous les trophées s’animent, racontent leurs exploits, les espoirs, les peines, les joies des champions auxquels ils s’étaient affectivement attachés.

Magie du sport !

Ce soir-là le casque d’Henri Pescarolo est en verve, jusqu’à couper la parole aux pointes de Marie-José Perec toujours très bavardes.

Chut, écoutez-le.

De vous tous, dit-il, je suis celui qui a été le plus vite sur cette terre, deux cent quatre-vingt-dix kilomètres heure, ce ne fut pas sans risque.

Ce jeudi 16 avril 1969, mes amis quelle aventure !

Par un petit matin frisquet de printemps, toute l’équipe Matra Course est réunie au début de la célèbre ligne droite des Hunaudières. Ici les concurrents des 24 Heures du Mans roulent à plus de trois cent kilomètres heure, mais ce n’est qu’une route nationale plus ou moins bosselée et plus d’un pilote y a trouvé la mort.

Nous sommes là pour valider in situ le concept aérodynamique de la Matra M640, une carrosserie très fluide, une goutte d’eau étudiée pour dépasser quatre cent kilomètres heure. Ils appellent cela un « shakedown », un vol d’essai en langage aéronautique, ils ne croient pas si bien dire.

  • La rosée a séché, on peut commencer.

Nous attendons Johnny, il est prévu qu’il débute les essais pour chauffer la mécanique.

Johnny, c’est Johnny Servoz-Gavin, bohème, fêtard, lève-tard, pilote exceptionnel.

L’attente s’éternise, la tension monte, les mécaniciens tripotent le moteur, vérifient et revérifient pour passer le temps. Toujours pas de Johnny, un rendez-vous manqué, le destin qui chavire.

  • Bon, il est dix heures, il faut se décider. Henri tu commences. Un premier aller-retour sans forcer, juste pour voir.

  • Bien compris, les sensations, seulement les sensations. Où est mon casque ?

  • Comment où est ton casque, si tu ne le sais pas, comment veux-tu que je le sache ?

Et Henri de crier :

  • Qui a vu mon casque ?

  • Mais ce n’est pas vrai, j’ai deux pilotes payés les yeux de la tête, l’un oublie de se lever, l’autre oublie son casque. Pas belle la vie ? Prends en un autre !

Impossible, chacun, ici, le sait bien. Henri ne conduira jamais sans moi, son casque fétiche vert pomme. Nouveau basculement du destin ? Si Johnny était arrivé entre temps, probablement.

Moi, je me cache dans l’herbe, ton sur ton, un mauvais pressentiment, quand une jolie donzelle me donne un grand coup de pied.

  • Aïe… Je l’ai trouvé !

  • Qui ça, Johnny ?

  • Non, le casque d’Henri.

  • On va pouvoir débuter, Henri à toi.

Henri se glisse dans la M640, se harnache, donne quelques coups d’accélérateur pour mettre le moteur à bonne température, roule lentement jusqu’à l’entrée de la ligne droite. Devant lui six kilomètres rectilignes.

L’odeur forte d’huile de ricin, le bruit caractéristique du moteur V12 de 430 chevaux, déjà la vitesse flirte avec les deux cent cinquante kilomètres heure. Nous arrivons au croisement de la route de Tours avec la départementale 92. Une grosse bosse propulse la M640 dans les airs.

J’ai alors ressenti une impression extraordinaire. En effet, dès que l’avant s’est levé, Henri s’est mis debout sur les freins. Mais comme les roues arrière avaient également décollé, le moteur a calé. Je me suis donc retrouvé aux alentours de 250-260 km/h dans un silence absolu, à la hauteur de la cime des arbres. Sachant que dans la seconde qui suivait, j’allais éclater et Henri mourir.

La Matra s’écrase sur le bas-côté, incontrôlable, part en toupie, tape un poteau électrique, heurte un arbre, stoppe net. Sous le choc, le réservoir d’essence explose, l'auto prend feu.

Secoué, éraflé, moi ça va, mais mon pauvre Pesca, toujours sanglé, fait un malaise. La chaleur des flammes le réveille. D'un geste vif, il se détache.

  • Je brûle ! crie Pescarolo.

Imbibés d'essence, torche vivante, nous plongeons dans le Roule Crotte, un ruisseau salvateur.

Un spectateur surgit et finit d’étouffer le feu avec son blouson.

Si le destin d’Henri a basculé, la mort s'est détournée. Resteront à vie les brûlures au visage, aux bras, au ventre et aux jambes, des fractures des 6e et 7e vertèbres dorsales.

La course automobile reste un sport vorace, vingt-deux pilotes perdront la vie pendant le déroulement des 24 Heures du Mans.

Mais quand le coureur est sauf, ces spectaculaires accidents deviennent mythiques.

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Rédigé par Hervé

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Publié le 14 Août 2016

Les objets bavards du Musée National du Sport papotent dans "Ballon rond et plumes d'azur"...

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Somnolant dans mon écrin, je suis réveillée par les éclats de rire de quelques jeunes en visite au musée du sport de Nice, lieu où je réside. En les écoutant, je réalise qu’ils se moquent de moi.

  • Tu as vu cette montre ? Elle est complètement ringarde. Elle était à qui ?

  • A Maurice Herzog.

  • C’est qui, ça ?

  • Ce n’est pas un footballeur, sinon, je le connaîtrais.

Je suis outrée ! Mon maître, il a fait bien mieux que courir après un ballon sur un terrain plat et bien délimité. Il a défié la nature, s’est mesuré à la montagne, aux plus hauts sommets que l’on trouve sur terre.

Moi, je ne crains ni le froid, ni le chaud, je ne sais pas ce que c’est, faire un effort démesuré. Je m’applique modestement à faire tic-tac de façon régulière, pour que la position de mes aiguilles sur le cadran correspondent fidèlement au mouvement de la terre sur elle-même, et cela jour après jour, année après année, siècle après siècle.

Mais j’ai bien vu souffrir mon maître, souffrir du froid, du manque d’oxygène, de l’effort fourni. J’ai vu ses doigts et ses orteils gelés. Vers la fin de ses ascensions, chaque pas était un calvaire pour lui et ses camarades. Le risque d’une chute, d’une dégringolade, de l’ouverture d’une crevasse dans la neige éternelle, d’un bloc de glace ou de rocher qui se détache était omniprésent. En dépit du danger, de la peur, de l’épuisement, j’ai vu la détermination dans ses yeux, détermination qui lui a permis, à lui et ses camarades, de vaincre tous les obstacles. Il est ainsi venu à bout de la montagne, du froid, de la glace et même de ses propres faiblesses.

Ces jeunes devant la vitrine, qui se moquent de moi, n’ont aucune idée de ce que nous avons vécu, mon maître et moi, en ce printemps 1950, lorsqu’il a été le premier à atteindre, en compagnie de Louis Lachenal, un sommet de plus de 8000 mètres. Je n’oublierai jamais ce 3 juin 1950, où j’ai pu admirer avec eux un panorama éblouissant que personne n’avait vu avant. L’Annapurna, invaincue jusqu’à l’arrivée de mon maître, est notre Everest !

Tous les jeunes ne pensent pas comme ceux qui sont là aujourd’hui. Souvent, je vois défiler des alpinistes, plus ou moins audacieux, plus ou moins téméraires. Ils ont en commun de porter une admiration véritable à mon maître, décédé malheureusement avant moi. Oui, il y a toujours des alpinistes qui marchent sur les traces de Maurice, qui défient la montagne et leur propre souffrance, qui acceptent même de mourir pour se prouver je ne sais quoi. Mais une montre, que peut-elle comprendre aux ambitions humaines ?

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Rédigé par Iliola

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Publié le 12 Août 2016

Au clair de la Lune, les objets s'animent au Musée National du Sport, le recueil "Ballon rond et plumes d'azur" a recueilli leurs confidences...

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La nuit tombe sur le Musée du Sport. La pénombre et le silence s'installent. Pendant quelques instants, rien ne bouge. Puis un bruissement par-ci, un murmure par-là... Les objets s'éveillent, se racontent.

Le ballon de la finale de la Coupe du monde de 1998 réunit sa cour d’admirateurs. Il radote un peu, mais les autres l'écoutent. Il reprend la même histoire tous les soirs :

C'était le 12 juillet, il y avait une foule immense dans le stade. Moi, je suis dans un panier avec d'autres, j'ai peur que l'on choisisse un de mes voisins. Quand l'arbitre s'approche, je vous jure, je tremble. C'est peut-être pour cela qu'il me remarque... je ne sais pas... En tout cas, je me retrouve sur la pelouse, dans la lumière.

Le coup de sifflet retentit ; projeté au ras de l'herbe, je rebondis de pied en pied, comme une bille de flipper. J'essaie de rester dans les crampons de Zinedine ; je sais que l'on sera une équipe formidable tous les deux. Je me fais souple pour épouser la forme de ses chaussures, pour que son coup soit percutant, pour le mener à la victoire. Faut dire que nous avons eu un aparté avant le match. Il s'est confié à moi, a murmuré son trac sur mes coutures, comme une prière ; il m'a même embrassé, alors, vous pensez bien que je fais tout pour lui.

On se démène, on traverse le terrain je ne sais combien de fois. Je roule d'un joueur à l'autre mais je ne le perds jamais de vue, même d'en haut. Quand je ne peux atteindre ses pieds, je me débrouille pour tomber pile sur sa tête. Notre bonne entente se conclut par deux buts. Pour ne pas être accusé de favoritisme, je colle Emmanuel pour le troisième. Quel triomphe ! La liesse nationale, les klaxons, les cris, les chants !

Zinedine m'a serré contre lui, m'a orné d'un autographe. Tous les autres joueurs en ont fait autant. Alors, on m'a mis en lieu sûr ; je suis devenu un ballon précieux, le symbole de la victoire, le symbole d'une équipe solidaire, colorée, d'une France “ Black-Blanc-Beur ”.

Le ballon se tait, sa tête ronde pleine de souvenirs. Agacée, la raquette de Yannick Noah vibre de toutes ses cordes :

Il n'y a pas que toi qui remportes des victoires. Moi aussi avec Yannick ! On allait partout ensemble, je l'ai accompagné sur tous les courts, j'ai été sa confidente. Il me racontait ses chagrins, ses douceurs, sa vie quoi ! Je me souviens d'un jour de printemps à Roland-Garros ; il m'a utilisée pour faire connaissance d'une jolie jeune femme en la heurtant – soi-disant sans faire exprès - pour qu'elle se retourne. Grâce à moi, une idylle est née. Tu vois, il n'y a pas que le sport...

Le ballon victorieux toise la raquette :

Non, il n'y a pas que le sport. Il n'y a pas que la romance non plus... Il y a beaucoup plus que cela. Il y a la joie, les espérances enfouies dans le cœur des enfants. Quand ils viennent me voir, c'est leur rêve qu'ils contemplent.

La raquette approuve, le ballon retourne à sa méditation. Là-bas, dans la pénombre, la montre de Maurice Herzog chuchote le vent des montagnes ; accroché à ses mots, le piolet de Pierre Mazeaud l'écoute.

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Rédigé par Mado

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Publié le 10 Août 2016

Le sport se pratique vraiment n'importe où dans le recueil "Ballon rond et plumes d'azur"...

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Non, ma fille, non ! Ne ferme pas les volets, laisse la Lune à ma fenêtre. Elle a la délicatesse de me rendre visite, pleine et ronde, gorgée de soleil. Elle illumine mon crépuscule, ravive un de mes plus beaux souvenirs.

Vous n'étiez pas encore nés, les enfants. Vos parents avaient alors votre âge et moi, j'avais fait une promesse insensée à mon père. Un jour de 1971, j'ai eu l'opportunité de pouvoir la réaliser. Il a fallu ruser, trafiquer mon accoutrement pour y insérer le matériel, convaincre mes supérieurs. Finalement, j'ai obtenu l'autorisation. Tout était si réglementé, pesé au gramme près ! Ah, oui ! Il a fallu toute une stratégie pour embarquer tout ça, mais j'y suis parvenu.

Le jour J, je n'en menais pas large. Je redoutais une complication de dernière minute, un problème de sécurité, mais j'ai passé les contrôles sans encombre. Je me suis installé avec l'équipage. Compte à rebours, mise à feu... on s'arrache ! L'azur vire au noir, la Terre s'éloigne, se transforme disque bleu strié de nuages blancs... Apollo 14 en orbite autour de la Lune et moi qui alunit. C'était grandiose ! Je l'avais tant attendu ! Savez-vous ce que j'ai dit quand j'ai posé le pied sur la Lune ?

« La route a été longue, mais nous y sommes ! »

J'ai effectué la mission que l'on m'avait confiée, puis j'ai tiré de ma manche le club démontable conçu spécialement pour cette occasion et deux balles. Et j'ai fait un swing ! C'est ce geste-là que j'avais promis à mon père, grand amateur de golf.

« Oui, j'ai joué au golf sur la Lune ! J'ai failli rater la première balle parce que j'étais gêné par ma combinaison spatiale et elle a lamentablement échoué dans un cratère tout proche. La seconde, grâce à la faible gravité, est partie sans bruit à des kilomètres et des kilomètres, semblant ne jamais vouloir alunir. Mais mon souvenir le plus fort, ce n'était pas d'être sur la Lune. C'était de voir la Terre. De l'émotion à l'état pur. Vue de là-haut, elle avait l'air si fragile. »

J'ai tenu ma promesse, j'ai joué au golf sur la Lune. J'y ai laissé les deux balles. Elles sont figées quelque part aux alentours des collines lunaires de Fra Mauro. Mon club, lui, est retourné sur Terre. Il est exposé au Musée du Golf de Far Hills, je crois...

Aujourd'hui la Lune, gardienne silencieuse de mon serment, me regarde par la fenêtre. Elle recueille mes derniers souffles, et quand je serai poussière, je ne veux pas de stèle du genre « Ci-gît Alan Shepard, le golfeur de la Lune ». C'est à l'océan bleu de la Terre que je veux retourner...

(Les deux textes en italique sont les véritables paroles d'Alan Shepard.)

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Rédigé par Carmella

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Publié le 8 Août 2016

Une drôle d'aventure sur le stade de Nice... et de la SF pleine d'humour dans le recueil "Ballon rond et plumes d'azur"...

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Habituellement au mois de juin le soleil brille, nous l’aurions alors probablement vu venir. Mais cet après-midi-là le ciel déroule bas un tapis de nuages aux mille nuances de gris.

Assis tout en haut de la tribune de presse, je commente l’événement pour radio Dérision.

  • C’est parti. Le sifflet de Monsieur l’arbitre donne le coup d’envoi du match éliminatoire de la Coupe d’Europe 2016 qui oppose la Péricie en rouge au Livoria en bleu…

  • Bien fait ça de la part de l’avant-centre Péricien…

  • Une passe bien ajustée pour son latéral-droit…

  • Allez peut être que là, il y a moyen de faire quelque chose…

  • La Péricie s’installe dans le camp Livorian…

  • Oh ! Quel tacle, il y a faute là, Monsieur l’arbitre…

  • Effectivement l’arbitre siffle un coup franc, bravo…

  • Nooon, le ballon passe à ras du poteau…

  • Dégagement du goal loin devant…

  • Donné de la tête au numéro neuf, Tresi ; il a du champ…

  • Dommage il n’arrive pas à piquer sa passe, trop petite, trop étriquée, c’était pourtant bien joué…

  • Prugan intercepte et ça repart, petit pont, c’est un triangle de folie qui déboule chez les Livorians, ça peut allez très vite…

  • Berian récupère, il est bien rentré comme ses partenaires…

  • Ils vont réussir à les faire douter…

  • Ça alors… Incroyable ! Une soucoupe volante se pose dans le rond central, elle baigne dans un halo vert pomme…

  • Le jeu continu. En première intention, je dirais, Berian frappe…

Le halo vert s’intensifie, un éclair d’une puissance inouïe fige instantanément toutes les fonctions, tous les sens des spectateurs, des joueurs, même de Monsieur l’arbitre. Chacun reste dans l’état, la position où il était à l’instant du flash. Plus un son, plus la moindre odeur, plus un geste ; curieusement seuls les yeux, donc la vue, perdurent.

Ahurissant ! La bière renversée ne coule pas, la jambe de Berian reste tendue, le goal à l’horizontale entre les poteaux, le ballon stoppé à deux mètres du sol. Impossible ? Pourtant je n’élucubre pas.

De la soucoupe immobile à dix centimètres de la pelouse gicle une grosse poignée de petits ballons qui retombent en éventail. A l’impact, chaque ballon se transforme en humanoïde, mâle, femelle ? A priori rien ne permet de le déterminer. Tous sont dotés d’une tête de la dimension de la balle initiale, d’un corps de taille, de corpulence variables. Tous sont uniformément vert pomme, visiblement la couleur à la mode dans cette galaxie, mais laquelle ? Homo c’est certain puisqu’ils marchent debout sur deux jambes, fils de la terre, quelle terre ? Sont-ils une branche de notre humanité ou est-ce l’inverse ? Sont-ils venus en mode shopping ? Ici nous avons l’habitude de recevoir des touristes, noirs, blancs, jaunes ; des verts comme ça, nous n’en avions encore jamais vus.

Ils se livrent à des tâches bizarres. L’un s’approche de Monsieur l’arbitre, tourne autour pour finalement lui arracher un poil du nez qu’il glisse dans sa jambe comme dans une poche. Un autre sous la jambe toujours levée de Berian lui arrache un poil de la cuisse, un troisième cueille un poil dans la barbe du goal. Ces imberbes semblent passionnés par notre pilosité. Sans que je l’ai vu venir un fluet bien proportionné me fait face, son poing fermé, retourné, médius tendu soutenu par le pouce, cible mon visage. Grossier personnage, je m’attends au pire. Il ouvre la main, je vois ma photo. Il l’observe, la retaille, la plaque contre sa poitrine, la photo a disparu. E.T s’assoit à côté de moi, son bras s’allonge, son poing, son majeur nous visent, il ramène sa main, l’ouvre… un selfie ! Il porte cette fois la main à ce que je crois être sa bouche, hop la photo disparaît. A-t-il envoyé un MMS ?

Et là, j’ai un doute. Est-ce un ou une E.T ?

Mama Mia, qu’il ne lui prenne pas l’envie de m’emmener dans ses terres lointaines. Je la sens bien chatte, elle touche mes lèvres, je retrouve la parole, mon nez, je perçois ce parfum subtil de la salsepareille au premier jour d’avril, mes oreilles, j’entends le doux ronronnement émis par tout son corps. Aïe, aïe aïe mes aïeux, pourquoi moi ? Nous sommes vingt mille dans ce stade.

  • Bonjour, je m’appelle Boniface, et toi ?

  • Artchiwtouart.

  • Qu’est-ce que cela veut dire ?

  • Belle princesse pubère qui cherche un fiancé.

Je te l’avais dit ! Malheur, Huguette va me tambouriner un pataquès, je vous dis pas.

  • Tu viens d’où Atchoum ?

  • Pas Atchoum, Artchiwtouart ! Nous venons de l’amas de la Chouette dans la constellation de Cassiopée. C’est un amas ouvert, nous pouvons donc sortir pour visiter les environs.

  • La Terre… Les environs, tu rigoles !

Visiter les environs, hé bé. Quand avec Huguette nous allons à Vintimille faire le marché du vendredi, trente-cinq minutes, c’est toute une expédition. Atchoum et ses pommes vertes parcourent neuf mille trois cent années-lumière, hop là. Pardi la porte à côté, pense à ramener une fougasse !

  • Blaise viens avec nous, nous nous marierons, nous aurons un grand astéroïde avec beaucoup d’enfants. Chez nous pas de travail, pas d’impôts seulement des jeux, de l’amour. Chante avec moi « l’amas de la Chouette, alouette, cacahuète »

  • Pas Blaise, Boniface ! Tu sais, le coup du paradis, en France, on nous le fait tous les cinq ans.

Subrepticement Artchiwtouart m’arrache une poignée de cheveux.

  • Aïe ! Tu m’as fait mal

  • C’est quoi aïe, c’est quoi mal ?

  • Pourquoi ramasser tous ces poils, tu vas en faire un bouquet ? Ils ne fleurissent pas. Tu le sais ça ?

  • Les poils sont une découverte scientifique fondamentale. Quand nous allons les montrer au Comité des Sages nous serons décorés, voire plus. A quel endroit en as-tu encore ?

  • Sous les bras.

  • Tu me montres ?

J’enlève ma chemise, lui montre mes aisselles. Las, elle voit également ceux que j’ai sur la poitrine, elle mouline ses grandes mains, tend son doigt, clique cent photos ; excitée comme une puce ma dulcinée.

  • Oh, beau niçois, tu m’en donnes, tu m’en donnes !

Je m’en grappille une dizaine, les lui offre, le sourire un peu crispé par la douleur.

  • Et encore, où en as-tu ?

  • Euh, c’est tout…

  • Le fond de ton œil droit tortillonne, tu me racontes des cracks !

  • Atchoum, ils sont situés dans un endroit délicat, je ne peux pas te les montrer, encore moins t’en offrir, on se fréquente à peine. La morale, tu comprends ?

  • Pas Atchoum, Artchiwtouart ! Non, la morale n’existe pas, aïe non plus. J’exige, je veux observer de très très près.

  • Ne me crie pas dessus, regarde, mais fait vite.

Je me tourne, baisse mon pantalon, lui montre mon fessier abondamment pourvu… Sur Cassiopée la recherche fait un pas de géant. Instantanément elle pointe son médius en avant. Je me “ rembraille ” aussi sec.

  • Je veux en prélever une petite douzaine.

Basta ! Maintenant me vient la pigne.

  • Ah non ! tu ne les verras plus les poils de mon…

Pfut !

Subitement, Atchoum, humanoïdes, soucoupe volante, disparaissent. Le goal s’écrase sur la pelouse, le ballon file droit au but, Berian se masse la cuisse, Monsieur l’arbitre se gratte le nez, siffle la fin du match. La Péricie a battu le Livoria par un but à zéro.

Si quelqu’un vous raconte l’histoire de ce qui est arrivé ce jour du match éliminatoire de la Coupe d’Europe 2016, vous ne le croirez pas. Vous auriez raison si… vous pouviez m’expliquer ce que fait dans la galerie photo de mon smartphone ce selfie abracadabrantesque ?

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Rédigé par Hervé

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Publié le 6 Août 2016

Un soupçon de fantastique s'est glissé dans le recueil "Ballon rond et plumes d'azur"...

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Je l'avais prévenu pourtant. Cette magouille au match de foot truqué cachait quelque chose. Moi-même, je l'avoue, j'avais fait pas mal d'argent en mon temps avec ce genre de combine. Pas très honnête, c'est sûr, pas très glorieux, mais efficace pour s'enrichir. Il suffisait d'empocher quelques pots-de-vin avant de jouer comme un pied, ou plutôt, comme une main, pour faire perdre l'équipe. En bonus, quelques paris bien placés sur l'affaire et le fric s’amoncelait dans une banque suisse.

Mais ce coup-là, je ne le sentais pas. Quelque chose d'indéfinissable, comme une ombre teigneuse qui rôde, un truc pas clair.

Il ne m'a pas écouté. Il a conclu l'affaire avec ce type vraiment louche et le voilà maintenant qui entre sur le terrain. Assis au deuxième rang de la tribune, je l'observe. Une drôle de bête se tortille au fond de mes tripes. Coup d'envoi, le ballon fuse sur la pelouse. Il l'amortit du pied droit, le passe à l'adversaire.

Sifflets des supporters. Je ne suis pas tranquille ; quelque chose ne va pas. Souffle froid sur ma nuque, je me retourne. Derrière moi, le public qui suit la rencontre, rien de plus que d'habitude, mais pourtant, rien comme d'habitude non plus et aucun mot pour l'expliquer. Je déraille ferme !

Sur le terrain, les joueurs se démènent. La lumière blanche des projecteurs projette leur ombre en double, comme un “ V ” accroché à leurs talons. Selon leur direction, leurs ombres les suivent ou les précèdent, chevillées à leurs pieds.

Lui s'arrache au groupe, détale sans s'occuper du ballon. On dirait qu'il s'enfuit. Comme si la mort lui collait aux crampons. Il court, hué par le public. Son regard cherche dans les tribunes, me trouve. Au fond de ses yeux, une brume opaque dilatée de terreur. Plus de doute, ce plan-là dépasse la simple arnaque. Il a conclu un pacte avec le diable en personne ou quoi ?

Je deviens fou. Ce n'est qu'une combine plus foireuse que les autres, c'est tout. Au pire, il sera exclus, aura une amende, tant pis pour lui. Je me monte le bourrichon pour rien. C'est cette bière pas fraîche qui me met dans cet état ?

Quelque chose ne va pas, je ne parviens pas à en cerner la cause. Je sens que ça vient de lui. Il court en zigzags aléatoires. L'ombre double d'un joueur s'allonge de part et d'autre de ses pieds comme pour le cisailler. C'est à ce moment-là que je comprends : il est le seul à ne pas avoir son ombre qui le suit.

Un frisson glacé hérisse ma colonne vertébrale, extirpe de moi ces paroles venues de je ne sais où : “ Qui perd son ombre perd son âme ”.

Mon ami, qu'as-tu fait ?

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Rédigé par Mado

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Publié le 4 Août 2016

Handisport et course à pied dans le recueil "ballon rond et plumes d'azur"...

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La cordelette enserre mon poignet. Les pieds dans les starting-blocks, j'attends le signal. À mes côtés, Louis se positionne. Ses baskets crissent doucement en se calant pour le départ.

Je suis en position, prêt à m'élancer en même temps qu'elle. Dernière vérification : la cordelette qui nous relie n'est pas trop tendue, ses doigts ne mordent pas la ligne de départ. Tout va bien. Elle paraît concentrée, hermétique derrière ses lunettes occultantes.

PRÊTS... BANG !

Repoussant de toutes mes forces les starting-blocks, je me propulse avec la sensation de tomber dans le vide. Très vite, le bonheur de courir pulvérise le vertige sans fond qui me saisit à chaque départ de course. Auprès de moi, Louis épouse ma foulée ; sa respiration puissante et régulière me donne le rythme, un vrai métronome ! Dans le noir qui m'enveloppe, je n'ai que la cordelette comme ancrage. Le noir ! Il paraît que c'est ainsi que se nomme l'unique couleur que je perçois. Les couleurs sont une pure abstraction pour moi, je suis aveugle depuis toujours.

Je cours sur la nuit. Je cours sur la lumière que m'apporte le souffle, une brillance intime, cachée au fond de mes poumons, cachée dans la jubilation de tout mon être. Courir, foncer, certaine de ne pas percuter un obstacle, courir sans crainte ni contrainte, le corps libéré par la vitesse. Louis m'indique les courbes de la piste, veille à ce que je reste bien dans mon couloir.

La courbe de la piste approche, je frôle son bras. Elle comprend, amorce le virage. Je cours à sa hauteur, en m'assurant que la cordelette reste souple entre nous. Une cordelette trop tirée, c'est la disqualification.

Les foulées de Louis martèlent le sol, propagent une onde sourde sous les miennes. La cordelette entre nous, comme une amarre, me rassure. Je fends l'air opaque. Il s'écarte en remous légers, frais sur ma nuque en sueur. Le revêtement de la piste, un peu caoutchouteux, me procure une sensation aérienne. Je m'envolerais presque...

Le sprint final approche, je le sais par d'infimes changements de rythme. J’accélère.

La ligne d'arrivée à quelques millièmes de secondes. Je me décale légèrement, pour être juste derrière elle. C'est sa course, pas la mienne. Moi, je ne suis que ses yeux. C'est à elle de franchir la première la ligne d'arrivée.

Des applaudissements m'accueillent. Louis me serre dans ses bras, murmure à mon oreille : “ Félicitations ! ”

Yes ! Je l'ai, ma médaille !!!

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Rédigé par Mado

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Publié le 3 Août 2016

Un autre texte, sur le thème Handisport, écrit en atelier pour le recueil "Ballon rond et plumes d'azur"...

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« Tu sais, j’ai gagné une médaille de bronze aux jeux Olympiques. En natation ». Ma sœur Anne-Marie très fièrement nous montre sa médaille lors d’un repas de famille.

Mais remontons le temps. J’ai 9 ans. J’ai adoré les jeux de 1968 à Mexico. J’ai suivi toutes les disciplines sportives sur la télévision de mes voisins.

1970. Ma sœur part vivre à Paris. Elle a toujours adoré la natation et se débrouille très bien en brasse. La pension où elle vit décide de l’inscrire aux jeux Olympiques ; ma sœur s’entraîne intensivement plusieurs fois par semaine. Le grand jour arrive. Elle se présente avec son maillot une pièce et son bonnet sur la ligne de départ. Ses adversaires lui ressemblent. Leur seul objectif : gagner, remporter la victoire. Elle s’élance avec ses compagnes. Après un plongeon bien mené, la voici sur sa ligne. Oui, elle est bien placée. 60 mètres, c’est court et c’est long à la fois. Mais elle déjà une longueur d’avance sur les autres. Elle est au coude à coude avec deux adversaires coriaces. Ah, elle est distancée. Mais elle garde le cap. Elle reste dans la course. Oui ça y est ! Elle remporte la troisième place sous les vivats de la foule, de ma tante et de ma grand-mère qui assistent à cet exploit. Anne-Marie revient à la maison pour les vacances avec sa médaille et son beau ruban bleu, blanc, rouge. Elle est très fière de son succès et nous plus encore. C’est la première de la famille à remporter une médaille en sport et surtout quelle victoire !! C’était le début des jeux Olympiques pour handicapés. Les jeux paralympiques n’existaient pas encore.

La médaille est toujours là, mais aujourd’hui les jeux se sont grandement professionnalisés, les champions de 2014 ou 2018 ne ressemblent plus aux lauréats de l’époque et ma sœur répète à qui veut bien l’entendre qu’elle est championne olympique.

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Rédigé par Brigitte

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Publié le 2 Août 2016

Tiré du recueil "ballon rond et plumes d'azur", un petit plongeon dans l'eau fraîche...

J’attends, dans mon fauteuil roulant, au bord de la piscine du Palais des sport Jean Bouin. J’essaie d’être calme, m’efforce de me concentrer sur ma respiration. Je capte l’odeur de javel et le vacarme assourdissant, des sensations que je retrouve dans toutes les piscines, elles me sont familières, elles me rassurent. Je me sens en terrain connu, presque chez moi. J’avance mon fauteuil, un ami le tient juste au bord, je me penche en avant et bascule dans l’eau. Un geste souvent répété. Il y a une sorte d’ascenseur dans cette piscine. Hors de l’eau, on s’assoit sur un siège qui descend dans l’eau. Je l’évite.

Dans l’eau, j’attends le sifflement de départ. Ça y est. J’avance, me bats contre l'eau. J’allonge mon corps, me transforme en fusée. Comment offrir le moins de résistance à l’eau ? J’exécute les gestes appris et longuement répétés. J’adapte ma respiration à mes mouvements. Plus vite ! Mes oreilles bourdonnent, tellement l’effort fourni est intense. L’eau est froide, mais ma peau, mon corps sont brûlants. Ai-je une chance ? Il ne faut pas penser, juste nager, se concentrer. Encore trois longueurs. Un dernier effort. C’est fini.

Au bord de la piscine, je me tiens à la barre. Mon cœur bat la chamade. Je suis épuisée. Ma maman vient. Elle m’entoure de ses bras, m’aide à sortir du bassin. Cette fois-ci, je prends l’ascenseur. Je m’essuie, me mets un peignoir. Le coach s’approche de moi, un grand sourire aux lèvres.

– Félicitations ! Tu t’es dépassée ! C’est ton meilleur temps. Paris t’attend.

Il s’accroupit à côté de moi. C’est toujours un problème pour les gens « normaux », ils ne savent pas comment se mettre. S’ils restent débout, ils me regardent d’en haut, ce qui doit les gêner. Alors, souvent, ils s’accroupissent, mais ils ont mal aux jambes au bout d’un moment, ils se tortillent dans tous les sens, essayent de déplacer leur poids d’une jambe à l’autre. La conversation en pâtit, mais ce n’est pas de leur faute. Donc, le coach, accroupi à coté de mon fauteuil roulant, redevient sérieux :

– Il y a encore du chemin à faire jusqu’aux jeux Olympiques. A Paris, tu vas tomber sur les meilleurs de toutes les régions de France. Il faut que tu t’accroches. Rien n’est encore gagné.

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Rédigé par Iliola

Publié dans #sport

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Publié le 1 Août 2016

Un autre texte issu du recueil "Ballon rond et plumes d'azur"...

*****

Il est l’heure. L’heure de vérité. J’ai les mains moites. Je serre mon balai entre les mains. Quatre ans d’entraînement. La finale et la consécration au bout. Les pierres m’attendent sur la piste. Encore 10 secondes, 9, 8….

La télévision est allumée. Il est là. Il va passer. Les quatre autres finalistes ont fait un score honorable. Il ne reste plus que Peter et ses coéquipiers. Je le vois. Il faut que je m’occupe. Je serre mon balai dans mes mains. Je vais rentrer sur la piste en même temps que lui. Allez Peter, courage !

3,2,1 C’est à moi. Je rentre sur le rink, les yeux rivés sur les cailloux. La première pierre est lancée. Vite mon balai, avant, arrière. Le doux frottement habituel contre la glace, tout doucement pour renforcer sa trajectoire. Concentration extrême. Plus rien ne compte. La glace, le balai, la pierre.

Il est en piste, au centre de la maison. Je transpire, ma bouche est sèche. Je reproduis les mêmes gestes que Peter, tout doucement en harmonie avec son jeu. Ça y est, je suis transposée sur la glace. Nos haleines se mélangent. Je n’entends plus rien et ne vois plus que les pierres glisser doucement sur les cercles. Je ne suis plus dans mon salon, mais là-bas, au centre Olympique. Si la pierre avance trop vite, je la ralentis avec mon balai. Personne ne me voit, mais je suis là.

Les dernières secondes. C’est le dernier « end ». C’est bon. J’entends des exclamations de toutes parts et me retrouve projetée dans mon salon. Peter a gagné. Médaille d’or. Champion du monde. Je m’assoie sur le canapé et époussette les étoiles de glace qui se détachent de mon balai.

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Rédigé par Brigitte

Publié dans #sport

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