LE MUSÉE DES RÊVES

Publié le 19 Décembre 2020

 

Enveloppée dans la brume du matin, une maison qui semble abandonnée, se cache du monde et de sa réalité. Je m’approche sans faire de bruit. Sur le mur de sa façade, une question posée aux éventuels visiteurs :

« Et si le rêveur disparaît, que deviennent les rêves ?... »

 

Un léger courant d’air entrouvre la porte. Le grincement de ses gongs émet une musique, quelques notes, invitation à pénétrer dans ce monde chargé de mystère. Hésitant, je franchis le pas, poussé par je ne sais quelle curiosité. Je pénétre doucement. La pièce est silencieuse, abandonnée. Un manteau de poussière recouvre le mobilier d'un léger voile. Une lumière diffusée par un vasistas cassé donne vie aux objets inanimés. Sur le mur décrépi est écrit en lettres majuscules « Musée du rêve »

Ici, pas de caisse ni file d’attente, je l’ai enfin trouvé. Mon Graal de poète existe vraiment. Tous mes rêves éphémères qui s’envolent le matin très tôt pour mourir sur le rivage de ma réalité sont là, rangés sur une immense bibliothèque, classés à la lettre Cœur sur l’étagère du bonheur. Sur le sol, sur les dalles, comme un message, les pétales d'un bouquet de marguerites effeuillées, indique que le temps conjugue le verbe aimer.

Je continue la découverte de ce musée dont je suis l’unique visiteur privilégié. Dans les pièces qui disparaissent au fur et à mesure de mes pas, des expositions, fruit de mon imaginaire, s’offrent à mes yeux. Au débouché d’un couloir, je me retrouve dans un jardin extraordinaire, un petit coin de verdure, pas très grand, je vous rassure. En ce lieu poussent des fleurs dont je me grise de la senteur.

Je laisse là ce petit coin de paradis, et je pénètre dans une salle obscure où, dans un coffre, sont enfermés mes cauchemars. Mon regard s’affaire à la recherche de quelques restes de clarté qui me permettraient de me diriger sur le chemin de l’aurore, ce moment magique, pâle aquarelle où la lueur gagne sur la nuit. Le jour se pointe, il est temps de retourner vers la sortie, le musée va fermer.

Je me retourne, je regarde encore une fois le jardin où je viens déposer les couleurs de ma vie. Le monde se réveille. Dans la rosée du matin, je mélange le jaune, le bleu, le vert, les couleurs de l’espérance qui font fuir au loin les cauchemars de mes nuits.

Mes paupières doucement s’entrouvrent sur un monde inondé de lumière, car dans mon cœur aujourd’hui, je sais où vont mes rêves et je sais aussi que ce musée continuera de vivre, tant qu’il y aura des hommes qui, le soir venu, iront par les chemins enveloppés de brume à la recherche de leur maison où sur l’étagère du cœur, ils retrouveront leurs rêves.

Le rêveur, comme l’amour, ne peuvent disparaître, ils doivent être.

 

Bernard

 

Visite de l'étagère cœur...

... et du coffre à cauchemar..

 

Rédigé par Bernard

Publié dans #Rêves

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