MUTATION

Publié le 23 Octobre 2018

Une ombre lumineuse se profile dans le torrent de boue, évolue entre surface et tréfonds, ondule vers le bord de la rive, une saccades indécise.

La ville engloutie semble comme assoupie, expirant des colonnes de bulles jaunâtres, roses, violacées, comme les bulles de savon des jeux d'enfants..

Les paupières couvertes d'écailles laissent enfin filtrer un filet de lumière. Une lumière bleue à peine voilée qui semble une aube sans fin, un crépuscule rémanent.. comment savoir ?

Elle active sa mémoire vive d'un geste feutré. Des images de synthèses défilent à toute allure. Le grand déluge. La panique dans les rues, les hauts-parleurs en boucle, les chiens hurleurs, et puis ce rêve poignant.

Une explosion, l'éclair stellaire, le nez envahi de particules étranges, les ouïes animées d'une vie propre. La séparation.

Le haut, le bas d'un corps qui passe de l'état solide à l'état liquide, puis gazeux..

Le sang des hommes coincé dans les puces de Coltan.

L'homme qui se veut démiurge... Comment manipuler les cellules souches d'un ADN immortel.. sur de pauvres souris femelles.. le clonage interdit.

Elle se revoit détricotant les deux brins de l'hélice, jouant à mixer de nouvelles protéines aux plus conventionnelles. A, T,G,C.. et le Scrabble qui s'emballe.

Avant..

Le jour où le derme avait fondu, laissant passer la lumière comme pour atteindre cette transparence prônée dans les journaux d'antan.

Une larme sous l'écaille.

Elle joue avec le feu.. du silex, de la guerre.

Il fallut pour certains, trouver refuge dans des grottes. La nature elle, avait semblé trouver un regain de vitalité, se régénérant au sein de carcasses rouillées, donnant naissance à des algues géantes, aquaphiles, se mouvant au milieu des détritus.

Le clonage ultime. Deux embryons unissant leurs chromosomes pour aboutir à..

Une suite codée infalsifiable ou presque..

X, X, toujours X. .

Une faille.. décelée par un groupe de hackers, une secte politico-religieuse aux accents libertaires..

Elle avait cru pouvoir faire face. Risquer cette peau délabrée, ce derme fragile devenu gaz inodore et facétieux. Le sang encore dans les veines.

Elle s'accroche aux branches de la rive léchée par la boue. S'en sortir.. les branchies.. un handicap salvateur..

Les doigts palmés tracent une ligne incurvée sur la rive déserte. Le sol semble avancer en synchronie, puis reculer.. un jeu mystérieux.

Une planète schizophrène.. contagion mystique..

 

Rédigé par Nadine

Publié dans #Écologie et environnement

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